Abandonnée avec ses deux enfants par son compagnon Auguste Lantier (tanneur), Gervaise a rencontré Coupeau, ouvrier zingueur, dans un cabaret nommé "L'Assommoir" (quartier de la Goutte-d'Or). Dans cet extrait du chapitre II, ils prennent une "prune" à l'eau-de-vie. Tous deux ont souffert jadis de l'alcoolisme : le père de Gervaise battait sa mère, quand il avait trop bu. Le père de Coupeau est tombé d'un toit, alors qu'il était ivre. Pourtant, Gervaise éprouve une étrange fascination pour l'alambic du père Colombe qu'elle veut voir (...)
[...] Tous deux ont souffert jadis de l'alcoolisme : le père de Gervaise battait sa mère, quand il avait trop bu. Le père de Coupeau est tombé d'un toit, alors qu'il était ivre. Pourtant, Gervaise éprouve une étrange fascination pour l'alambic du père Colombe qu'elle veut voir. I Une scène naturaliste Atmosphère populaire - peinture d'une scène de cabaret et rencontre entre une blanchisseuse (Gervaise) et un zingueur (Coupeau) - portrait d'un ivrogne et de ses camarades de beuverie : le personnage surnommé Mes-Bottes incarne l'ivrogne-type. [...]
[...] ] père Colombe ! " : discours indirect libre qui restitue le bavardage de l'ivrogne. L'alambic devient une sorte de géante, une nourrice bienveillante : le " filet limpide d'alcool " (1er paragraphe) s'est transformé en " un petit ruisseau " de " vitriol Le fantasme de Mes-Bottes aurait voulu qu'on lui soudât le bout du serpentin entre les dents traduit le rêve d'abondance, d'ivresse totale pour cet ouvrier pauvre. III De la réalité à la vision Cette scène de cabaret part d'une observation précise de la réalité. [...]
[...] L'alambic représente une sorte d'objet-tabou. (difficulté pour le voir : " au fond, derrière : ce dernier mot symbolise aussi le passé, l'hérédité qui pèse sur Gervaise. La peur diffuse : les explications de Coupeau seront mal interprétées par Gervaise. En effet, de nombreux termes se chargent de connotations maléfiques : Au début, la couleur " cuivre rouge " de l'alambic suggère quelque chose d'inquiétant (connote le sang, la violence) ; " forme étrange " mine sombre " puissant et muet " : personnification de l'alambic. [...]
[...] termes d'argot : " le vitriol " l'eau-de-vie), " les dés à coudre " les petits verres), " ce roussin de père Colombe " cet indicateur de police), " un fichu grelot " un fameux bavard). Bref, nous avons là de véritables " effets de réel " qui renforcent l'illusion référentielle et nous donnent l'impression d'assister à une " tranche de vie Description précise du mécanisme de l'alambic Au début, le fonctionnement de l'alambic (appareil à distiller) est expliqué par Coupeau : " et le zingueur [ . [...]
[...] L'évocation de l'alambic lui expliqua d'abord précise, est relayée par l'imaginaire : Gervaise croit voir et entendre un monstre infernal : " enroulements sans fin de tuyaux " ronflement souterrain " besogne de nuit faite en plein jour " sourdement, sans une flamme " : suggère image du feu souterrain symbolise le passé héréditaire de Gervaise, prêt à resurgir pour la dévorer) A la fin, élargissement fantastique, épique : " se répandre sur les boulevards extérieurs, inonder le trou immense de Paris : conjonction du feu vitriol et de l'eau. L'alcoolisme représente pour le bourgeois Zola un fléau risquant d'atteindre toute la capitale. Cette fascination / répulsion des deux héros devant l'alambic est prémonitoire : cet objet symbolise la toute-puissance du destin hérédité) qui pèse sur les personnages du roman. L'alambic reviendra plusieurs fois dans l'histoire : véritable mythe narratif = mythe que crée un écrivain. Ex : l'alambic ou la maison ouvrière dans "L'Assommoir" ; la mine dans "Germinal" ; le grand magasin dans "Au Bonheur des dames". [...]
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