A travers les siècles, de nombreuses méthodes d'argumentation ont vu le jour dans l'univers de la littérature, et prennent place dans les contes, récits, fables ou autres pamphlets. Le recours au regard extérieur est l'une d'entre elles : consistant à exposer une thèse, transmettre une idée ou même donner un avis par le biais d'un personnage autre que les protagonistes directement impliqués dans les faits s'avérant être le fil conducteur explicite de l'histoire, cette méthode d'argumentation présente de nombreux intérêts (...)
[...] En premier lieu, l'un des intérêts les plus patents du recours au regard extérieur est sa capacité à outrepasser les lois de l'absolutisme, en d'autres termes, à éviter la censure. Cette indécence ingénieuse de l'époque est rendue possible grâce à un point de vue moins impliqué et virulent dans la forme, multipliant les sous-entendus, les accusations implicites : les fables de La Fontaine en sont l'illustration exemplaire : Le Corbeau et le Renard Les Animaux malades de la Peste De même, Cyrano de Bergerac dans Les états et empires du Soleil utilise ce procédé. [...]
[...] Des limites apparentes au regard extérieur Même si les limites du recours au regard extérieur sont les plus évidentes, elles se révèlent également être les plus anodines, bien qu'il faille les prendre en compte. Cette méthode, dans son usage, est fréquemment subjective : c'est un fait. Non pas à considérer comme un défaut propre au regard extérieur, c'est même une de ses raisons d'être. Cependant, le lecteur, ne doit pas dériver sur la ligne des clichés : c'est l'un des risques lorsqu'on met en scène une personne à la culture différente, l'un des pièges du relativisme culturel. [...]
[...] Ainsi, même sans être destiné à des lecteurs chevronnés, les récits ou fables exposant une argumentation par le biais du regard extérieur requièrent chez le lecteur une culture littéraire et historique minimale, dans le but de comprendre les nombreuses idées implicites que renferment les figures de style comme chez La Fontaine. Ainsi, le regard extérieur présente quelques inconvénients et pourra décourager certaines personnes. Toutefois, les indéniables avantages de cette méthode continuent de séduire nombre d'auteurs. Conclusion Ainsi, la méthode d'argumentation faisant appel au regard extérieur, est, comme nous l'avons vu, détentrice de nombreux avantages. [...]
[...] Cependant, cette méthode n'exclut pas tout autant les craintes des représailles du régime : ce n'est pas un hasard que Montesquieu ait publié anonymement les Lettres Persanes en 1721 à Amsterdam. Outre la possibilité d'éviter la censure, plutôt caractéristique de l'Ancien Régime (la presse étant libre depuis 1789), le recours au regard extérieur permet également d'avoir un certain recul par rapport aux faits, le point de vue pouvant être différent de celui d'une personne impliquée : on laisse au lecteur une sensible marge de liberté pour exercer son esprit critique. [...]
[...] Toutefois, ces derniers peuvent différer sensiblement selon plusieurs facteurs tels que l'époque : en effet, un écrivain sous l'absolutisme n'utilisera pas forcément le recours au regard extérieur pour les mêmes raisons qu'un auteur contemporain du vingtième siècle. Bien entendu, il convient de souligner que de façon générale et en omettant ces quelques cas particuliers, les avantages d'une argumentation distanciée restent les mêmes. Elle trouve par ailleurs particulièrement sa place en la personne de La Fontaine, connu pour intégrer de façon récurrente des animaux, et non des êtres humains, au travers de ses fables. En quoi le recours au regard extérieur est-il efficace pour argumenter ? [...]
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