Dissertation sur la question suivante : pensez-vous que pour entreprendre le récit d'une vie, il faut que celle-ci soit mémorable ?
[...] Pensez-vous que pour entreprendre le récit d'une vie, il faut que celle- ci soit mémorable ? De nos jours, on assiste à une inflation du genre biographique : un grand nombre de personnes ayant vécu une expérience particulière, et même banale, sont tentées d'écrire leur autobiographie. Or on peut se demander si toute vie, même la plus ordinaire peut être jugée digne de s'inscrire dans la mémoire des hommes. Autrement dit, la banalité de l'existence peut-elle être mémorable ? Mais une telle question ne contient elle pas un paradoxe dans la mesure où mémorable est synonyme de remarquable, d'exceptionnel ? [...]
[...] On peut s'interroger sur la nature sur la nature des réactions d'un lecteur face au récit d'une vie insipide. Ainsi ce que l'on ressent par exemple à la lecture de l'interview de Sylvia Smith, auteur de l'autobiographie Misadventure, c'est avant tout de l'ennui. Il ne se passe absolument rien dans la vie de cette femme ; la journaliste note d'ailleurs que : pour [elle] la vie n'est vraiment qu'un long fleuve tranquille La monotonie de cette vie sans surprises, sans péripéties, finie même par susciter chez le lecteur de l'exaspération : à quoi bon perdre son temps à lire de telles bêtises. [...]
[...] Cet écrivain a en effet raconté la vie à la cour de Versailles dans un but historique. Mais le récit d'un mineur du nord ou de la vie ordinaire d'un paysan qui ont assisté à des modifications de la société a également un intérêt qui se trouve au delà de leur destin personnel, celui de leur classe sociale. Ces récits peuvent donc également avoir un but sociologique. D'ailleurs Annie Ernaux dans son livre une femme nous révèle qu'elle a écrit ce livre dans un but historique mais également sociologique : c'est l'étude d'un classe sociale qu'elle expose à travers le portrait de sa mère. [...]
[...] L'ennui qu'elle suscite vient il uniquement de sa grande banalité ? On pourrait se demander si la même histoire écrite avec un but précis qui n'est pas le cas dans le livre de Sylvia Smith puisque la journaliste lui demande d'où lui est venu [son] désir d'écrire et que cette dernière lui répond qu' [elle] n'en a pas la moindre idée n'éveillerait pas davantage l'intérêt chez le lecteur. En effet elle aurait pu vouloir apporter un témoignage par exemple sur les conditions de vie d'une femme de ménage en Angleterre au XXème siècle, témoignage qui aurait alors pu intéresser un historien du futur. [...]
[...] Ce type d'autobiographie peut proposer à ses lecteurs une réflexion sur leur identité. En outre, l'aspect stylistique d'une œuvre peut aplanir la contradiction entre banal et mémorable : ces œuvres possédant une finesse de rédaction n'inscrivent souvent dans ce que l'on appelle la littérature, qui est le souci de la forme, donc des ornements, s'ajoutant au fond d'un texte -comme Verlaine le laisse entendre à travers sa célèbre phrase et tout le reste n'est que littérature Ainsi, de grands auteurs tels Rousseau, Sartre ou Proust narrent des événements mineurs avec une telle subtilité que ceux-ci deviennent des textes clés, de références, classiques s'inscrivant dans un registre incontournable donc dans la mémoire de l'humanité. [...]
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