C'était il y a plusieurs siècles qu'apparaissait le premier récit de vie, le plus célèbre étant Les Confessions de Saint-Augustin. Si ce type de récit a pu à l'époque surprendre, ou heurter la morale - les écrits, alors, devaient répondre à des règles esthétiques et pratiques strictes, et être soi-même le sujet de son oeuvre allait à l'encontre de ces règles -, il sont aujourd'hui innombrables.
Leurs auteurs, poussés à se raconter ou à raconter l'histoire d'un autre par diverses raisons, ne doivent pas perdre de vue qu'ils seront lus, que leur oeuvre doit intéresser le lecteur, et amorcent cet intérêt en recourant notamment à différents registres, tout en rencontrant de nombreuses difficultés.
Quelles motivations peuvent pousser un écrivain à rédiger ce type de récit ? Que peut-il y gagner ? Peut-être avant tout de mieux se connaître. L'autobiographe, que Montaigne définit des ses Essais comme étant « la matière de [son] livre », doit retracer son passé, mais il lui faut aussi apprendre à l'analyser et à s'analyser ; il doit savoir se décrypter, « démêler ce chaos immense de sentiments » d'après Rousseau.
Chateaubriand démontre ainsi une volonté d'introspection en voulant « rendre compte de [lui] à [lui]-même » tandis que grâce à des souvenirs d'adolescence, Rousseau, dans ses Confessions, ou Romain Gary, dans La Promesse de l'aube, remémorent leurs naïvetés d'alors, se moquent de ceux qu'ils étaient, prenant de cette façon du recul vis-à-vis de leur jeunesse et la considérant de la sorte d'un oeil adulte et souvent amusé. (...)
[...] Mieux se comprendre pour être mieux compris, c'est l'un des objectifs que cherchent à atteindre nombre d'autobiographes. A ce titre, ils établissent généralement une relation de complicité avec le lecteur, lui demandant d'être à la fois un juge et un allié compatissant. Ils s'engagent le plus souvent à tout lui dire, avec franchise. Montaigne voulait ainsi que ses proches le connaissent mieux et s'interdisait les artifices, Rousseau entendait révéler le bien et le mal et montrer un homme dans toute la vérité de la nature En partageant avec les autres leurs souvenirs, ils éclairent des aspects de leur être qui ne peuvent être élucidés qu'à la lumière de certaines péripéties de leur vécu et aident ainsi à percer quelques uns de leurs traits philosophiques et psychologiques. [...]
[...] Romain Gary rend ainsi hommage à sa mère et à la littérature dans La Promesse de l'aube tandis que les biographes auront majoritairement tendance à faire l'apologie de leur sujet, tout en essayant de s'attacher à laisser un témoignage historique et un tableau fidèle du personnage qu'ils ravivent, l'œuvre prenant alors une dimension documentaire aussi présente dans les autobiographies qui peuvent ébaucher des portraits types d'individus ou de milieux. Le lecteur peut ainsi être séduit par la perspective de se reconnaître ; l'auteur entretient cette séduction par un style qui traduit ses ressentis et l'emploi de différents registres reflétant les sentiments qu'il veut montrer ou susciter. [...]
[...] Une plongée au plus profond de soi et d'un tiers au travers de diverses tonalités et à l'encontre de multiples difficultés, c'est ce que semble être avant tout le récit de vie pour celui qui entreprend la réalisation d'un tel ouvrage. Cependant, une dernière question se pose enfin : comment reconnaître l'autobiographie, comment la distinguer de l'autofiction ou du simple roman influencé par la vie de l'auteur ? Philippe Lejeune entreprend de donner des éléments de réponses dans son Pacte autobiographique : ce pacte, pour l'auteur, consiste à définir l'autobiographie. [...]
[...] Peut-être avant tout de mieux se connaître. L'autobiographe, que Montaigne définit des ses Essais comme étant la matière de [son] livre doit retracer son passé, mais il lui faut aussi apprendre à l'analyser et à s'analyser ; il doit savoir se décrypter, démêler ce chaos immense de sentiments d'après Rousseau. Chateaubriand démontre ainsi une volonté d'introspection en voulant rendre compte de [lui] à [lui]-même tandis que grâce à des souvenirs d'adolescence, Rousseau, dans ses Confessions, ou Romain Gary, dans La Promesse de l'aube, remémorent leurs naïvetés d'alors, se moquent de ceux qu'ils étaient, prenant de cette façon du recul vis-à-vis de leur jeunesse et la considérant de la sorte d'un œil adulte et souvent amusé. [...]
[...] Il peut ainsi devenir une arme en faveur de l'argumentation du biographe ou de l'autobiographe. Ce dernier, quand il est, tel que Rousseau, animé par une profonde volonté de justification, peut aussi recourir à l'emphase ou au pathétique, faire naître tour à tour colère et larmes chez le lecteur, jouer avec ses sentiments et les partager avec lui, notamment par des évocations lyriques au travers desquelles il dévoile toute sa sensibilité et qui témoignent de l'importance qu'avaient ou qu'ont pour lui certains événements. [...]
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