Si Le Diable au corps a pu être aussi largement perçu comme une autobiographie au moment de sa parution c'est que de nombreux éléments de l'oeuvre font textuellement échos à la vie de Raymond Radiguet. Ces éléments biographiques sont si nombreux qu'on ne peut effectivement pas les ignorer : la relation avec une femme mariée plus âgée, la région où se déroule l'action, la situation familiale : Radiguet était l'aîné d'une nombreuse fratrie, il a bien été en contact dans son enfance avec deux petites filles, soeurs, nommées Carmen et Fauvette, Radiguet, alors à l'école primaire, a bien écrit une lettre d'amour dans laquelle il sollicitait un rendez-vous et cela lui a valu quelques déboires, Radiguet fut, comme son héros, retiré par ses parents de l'enseignement pour suivre une éducation familiale (...)
[...] Nous trouvons peut-être ici l'explication de la mort de Marthe après son accouchement. Le moi de l'auteur se dissimule à travers ses personnages. La culture livresque du je reflète celle de l'auteur. Cet élément biographique illustre le transfert anodin de l'auteur dans son personnage. En outre, le je problématique et anonyme où pourrait transparaître l'auteur se définit lui-même à travers Marthe mais aussi son mari, Jacques Lacombe, dont les prénoms sont, eux, omniprésents : quatre-vingt six occurrences pour Jacques, trois cent soixante-treize pour Marthe. [...]
[...] Selon Clément Borgal, Raymond Radiguet aurait quasiment réécrit Le Diable au corps en composant Le Bal d'Orgel[21] et Daniel Leuwers constate des similitudes avec Denise, la première nouvelle de Raymond Radiguet. b. L'empreinte auctoriale Dans son article des Nouvelles littéraires, Raymond Radiguet glisse un propos remarquable : le héros du Diable au corps (que malgré l'emploi du je il ne faudrait pas confondre avec l'auteur) La parenthèse rejoint l'idée, avancée par Proust, d'une scission entre l'identité créatrice et l'identité social de l'écrivain : Un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. [...]
[...] - Giardina, Calogero, L'imaginaire dans les romans de Raymond Radiguet : "Le diable au corps" et "Le bal du Comte d'Orgel", Paris, Didier érudition - LEJEUNE, Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil II. Articles cités : - BROCAS, Alexis, édition : le temps des faussaires. Le Magazine littéraire, 475, mai 2008. - Radiguet, Raymond, Mon premier roman : Le Diable au corps in Les Nouvelles Littéraires, mars 1923. III. Sites Internet utilisés : De la vie au roman : comment écrire une fausse autobiographie : http://michel.balmont.free.fr/pedago/radiguet/fausse_autobio.html, le 24 avril 2008. [...]
[...] C'est le cas d'un certain nombre de romans autobiographiques. Ainsi, Jules Vallès fait le récit à la première personne des expériences de jeunesse de Jacques Vingtras dans L'Enfant, Le Bachelier et L'Insurgé. Mais le récit des aventures de Jacques Vingtras (initiales J.V., comme l'auteur) sont en réalité un moyen pour Jules Vallès d'expliquer sa propre enfance, son arrivée à Paris et tout ce qui l'a amené à s'insurger. Il en est de même pour Radiguet qui s'inspire de sa propre vie pour faire de son œuvre un manifeste sur l'écriture du roman. [...]
[...] Raymond Radiguet, né en 1903, fait une rencontre primordiale dès 1918 avec Jean Cocteau. Ensemble ils fondent, deux ans plus tard, une revue : Le Coq. Dans le premier numéro figure un article intitulé par Raymond Radiguet : DEPUIS 1789 ON ME FORCE A PENSER. J'EN AI MAL À LA TêTE. On y lit ces mots de Jean Cocteau : La critique compare toujours. L'incomparable lui échappe. Cette critique de la critique par Jean Cocteau va se révéler être une analyse parfaite de la future l'œuvre de Raymond Radiguet, du point de vu de sa réception. [...]
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