Dans la Préface de Phèdre, Racine écrit que la mort du jeune Hippolyte, dans l'Antiquité, suscitait "beaucoup plus d'indignation que de pitié". Aussi lui a-t-il donné "quelque faiblesse" : son amour pour Aricie que la loi de Thésée lui défendait pourtant. Comme Phèdre, Hippolyte éprouve donc un amour interdit ; comme Phèdre, il ressent en lui un étrange dérèglement, et Théramène s'étonne déjà, dans la première scène de la pièce, de ce qu'Hippolyte délaisse son occupation favorite (...)
[...] Les vers 1527-1558 se situent, dans le récit de Théramène, juste après la description du monstre sorti des flots, et la fuite des hommes épouvantés. Ce récit est d'abord celui des derniers instants d'Hippolyte ; Théramène en rapporte précisément les détails pour construire l'image d'un héros qui va s'inscrire dans l'épopée ; c'est ce que nous étudierons avant d'analyser plus précisément le récit tragique fait par le gouverneur : il n'est pas seulement la révélation de la toute-puissance de la fatalité, il est aussi chargé de stratégie. [...]
[...] Aristote, la poiesis au secours de la mimesis, dans La Poétique) - la cohérence du désir de sortie d'Hippolyte marque la cohérence de l'univers tragique, puisqu'on n'en sort que pour mourir. C'est déjà le cas d'Oenone dans la scène précédente : elle s'est jetée dans la mer, espace ouvert. La libération de l'imaginaire le corps et le sang : dans le récit, le corps est très présent (cf. champs lexicaux), ce qui n'est pas permis sur scène. Il y a même surabondance dans la fin d'Hippolyte (le sang partout, v.24 + 30-32 consacrés au corps du héros) - corps que le jeune homme n'a pas voulu écouter (rejet de l'amour) - prolifération baroque des images et du sang, prolongement du désordre occasionné par le monstre décrit aussi de manière très baroque Ce qu'on ne doit point voir un récit nous l'expose : Boileau, Art poétique, chp III. [...]
[...] Racine respecte tout à fait les règles récemment édictées. Le récit est en fait la seule porte ouverte sur l'inconscient, le seul espace de liberté. la présence du merveilleux ne contredit pas la règle de la vraisemblance : Phèdre est une pièce à sujet mythologique. L'intratextualité Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite dit Phèdre dans II Hippolyte n'a pas frappé le monstre que sont Phèdre et son amour. Il n'a pas affronté celui-là. La violence qu'il subit est proportionnelle à celle qu'il a contenue. [...]
[...] COMMENTAIRE COMPOSE Récit de Théramène, Phèdre, V v. 1527-1558 Dans la Préface de Phèdre, Racine écrit que la mort du jeune Hippolyte, dans l'Antiquité, suscitait beaucoup plus d'indignation que de pitié Aussi lui a-t-il donné quelque faiblesse : son amour pour Aricie que la loi de Thésée lui défendait pourtant. Comme Phèdre, Hippolyte éprouve donc un amour interdit ; comme Phèdre, il ressent en lui un étrange dérèglement, et Théramène s'étonne déjà, dans la première scène de la pièce, de ce qu'Hippolyte délaisse son occupation favorite : On vous voit moins souvent, orgueilleux et sauvage, Tantôt faire voler un char sur le rivage, Tantôt, savant dans l'art par Neptune inventé, Rendre docile au frein un coursier indompté (v. [...]
[...] Phèdre a invoqué Vénus pour faire céder ce jeune ambitieux rebelle aux lois de l'amour. Neptune utilise les chevaux, et l'art de les dresser, pour punir Hippolyte. Le registre tragique champs lexicaux de la mort et de la souffrance : d'Hippolyte / douleur de Théramène amplification et solennité - v.19-20 avec enjambement, pleurs / éternelle accentués + sonorités + rythme tétramétrique - la longueur du développement (ce n'est qu'un extrait du récit) l'insertion du discours dans le récit : Excusez ma douleur ; l'interruption est significative. [...]
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