Phèdre est une tragédie classique en 5 actes et en vers, présentée par Jean Racine (1639-1699) pour la première fois le 1er janvier 1677. Phèdre est la femme du roi Thésée, son coeur brûle pour le jeune Hyppolite, fils de son époux et d'Antiope, la reine des Amazones. A l'acte II de la pièce, Thésée est à tort, donné pour mort. Phèdre engagée par sa confidente Oenone, décide alors qu'elle peut avouer son amour à celui qui n'est autre que son beau-fils. Finalement Thésée qui n'est pas mort revient sur scène. Le passage que nous étudierons décrit le moment où Phèdre vient d'apprendre de la bouche de Thésée qu'Hyppolite aime la princesse Aricie. Se tournant vers sa confidente, Phèdre exprime son désarroi devant cette nouvelle inattendue.
Il serait intéressant de se demander comment Phèdre exprime sa douleur devant la nouvelle des amours d'Hyppolite et Aricie.
Dans un premier temps nous traiterons du trouble qui anime Phèdre avec comme point d'orgue la jalousie, puis nous analyserons les oppositions qui tiraillent l'âme de Phèdre. (...)
[...] Les Jansénistes pensent que la grâce de dieu est aléatoire et que les actes des hommes, n'y changeront rien. On peut aussi mentionner l'opposition entre le pluriel et le singulier. Des vers 1237 au vers 1240, nous pouvons relever les pluriels qui caractérisent le couple d'amants avec ils vers 1237, réitéré vers 1239, les jours vers 1240 et leurs soupirs vers 1238 portent aussi les marques du pluriel. Face au couple, Phèdre se positionne seul, les jours deviennent le jour vers 1242, le pronom ils devient je Le couple se place sous le signe de la lumière contrairement à Phèdre qui se tourne vers l'ombre et la nuit. [...]
[...] depuis quand ? dans quels lieux ? Le questionnement s'ajoute à la colère. Phèdre s'adresse directement à Oenone, sa confidente, en lui faisant des reproches. Oenone avant notre passage a incité Phèdre à dévoiler son amour à Hyppolite après la mort annoncée de Thésée. Phèdre dans notre passage, reproche cela à Oenone. Aux vers Tu le savais. Pourquoi me laissais-tu séduire leur furtive ardeur ne pouvais-tu m'instruire ? La reine, se sent seule et désespérée par une situation qu'elle ne contrôle pas. [...]
[...] On peut relever à la fin de notre passage l'opposition entre les apparences et la réalité, entre le caché et le visible. Phèdre semble garder sa colère et sa tristesse dans son cœur, face au monde elle prend un visage serein mais seule elle se nourrie de fiel, de larmes abreuvées comme mentionné au vers 1245. Phèdre retient les marques de son désespoir, vers 1246 je n'osais dans mes pleurs, me noyer à loisir. Au vers suivant on comprend bien cette dualité qui anime l'être avec l'oxymore funeste plaisir qu'on peut lire au vers 1246 je goutais en tremblant ce funeste plaisir Phèdre savoure son amour pour Hyppolite, elle retire une certaine satisfaction des sentiments qu'elle éprouve comme comblée d'éprouver cette furor mais consciente de l'issue où celle-ci la mènera et déçue du destin qui lui est réservé. [...]
[...] RACINE, Phèdre : Acte IV sc.6 Ah ! douleur non encore éprouvée ! A quel nouveau tourment je me suis réservée ! Tout ce que j'ai souffert, mes craintes, mes transports, La fureur de mes feux, l'horreur de mes remords, Et d'un cruel refus l'insupportable injure, N'était qu'un faible essai du tourment que j'endure. Ils s'aiment ! Par quel charme ont-ils trompé mes yeux ? Comment se sont-ils vus ? depuis quand ? dans quels lieux ? Tu le savais. [...]
[...] Elle garde cependant toute sa lucidité comme nous le voyons dans la seconde partie de tirade. Phèdre se tourne vers la mort, l'amour prend alors un sens négatif et se tourne vers le péché. Seule contre tous, elle devient victime de son propre destin à l'image de l'héroïne janséniste. L'amour comme coup de foudre, innocente la cruauté du personnage aux yeux du lecteur. Le jeu des oppositions permet à Racine de mettre en valeur la situation de Phèdre en parallèle aux Amours des jeunes amants comme pour faire valoir le désespoir de la reine. [...]
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