Lorsque Racine (1639-1699) publie Phèdre en 1677, la pièce est très mal reçue car elle met en scène une passion coupable d'une mère pour son fils adoptif, alors que la tendance classique de l'époque prône les bienséances et l'exercice de la raison. L'extrait dont nous allons parler est l'aveu que fait Phèdre à Hippolite alors que son mari Thésée est cru mort, ce qui lui autorise sa passion (...)
[...] Tout d'abord, Phèdre fait l'aveu d'un amour passionné. Le champ lexical de l'amour J'aime, je t'aime, fol amour, charmes, amour, cœur, feu fatal le montre, ainsi que le J'aime v673 qui prouve qu'elle est lucide et que son amour est sans artifices mais puissant. Enfin, à ce même vers le mot j'aime est répété au début et à la fin du vers ce qui signifie que l'amour résonne, revient constamment, est inépuisable. Ensuite, la violence de sa passion est très présente dans le monologue. [...]
[...] Enfin, elle use d'injonctions pressantes rappelle, Venge-toi, Punis-moi, Délivre, Crois-moi, Frappe, Donne mais vaines car elle est obligée de prendre l'arme elle-même pour se tuer. L'impassibilité d'Hippolite crée la dynamique de la tirade car à chaque silence Phèdre tente une autre approche de plus violente, mais n'obtient jamais de réponse et cela la renvoie à sa solitude. Le texte est une tirade persuasive partagée entre plaidoyer et réquisitoire, dans laquelle Hippolite laisse Phèdre dans sa solitude. Celle- ci devient méprisée et accablée par le remord et la honte car en échange d'amour elle reçoit la haine. [...]
[...] La présence des thèmes de la fatalité et de la culpabilité illustre ce que Racine dit dans sa préface ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente On pourrait aussi rapprocher ce texte de la mise en scène que fait Jean-Louis Barrault sur ce même extrait, dans laquelle il cherche toute la symbolique de la tragédie (aussi disponible sur oodoc.com). Texte étudié : Jean Racine, Phèdre, Acte II scène Ah ! Cruel tu m'as trop entendue ! Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur. Eh bien ! Connais donc Phèdre et toute sa fureur : J'aime. [...]
[...] Aussi, le mot cruel est répété, le fol amour montre que sa raison est troublée, Phèdre est faible et succomber à sa passion Cet aveu si honteux, le croix tu volontaire? et tous les adjectifs possessifs ainsi que les pronoms indiquent qu'elle a lutté mais en vain car tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins Enfin, tout le lexique de la haine est rassemblé pour montrer que son impuissance la fait se haïr elle-même : cruel, fureur, lâche, poison, vengeances, abhorre, détestes, fatal, gloire cruelle, cruel, odieuse, inhumaine, haine, haïssais, malheurs, haïr, trahir, venge-toi, punis-moi, odieux, monstre, monstre affreux, frapper, supplice, vil Tout ceci concoure à susciter la pitié du lecteur, du spectateur et surtout d'Hippolite. [...]
[...] 695 Tremblante pour un fils que je n'osais trahir, Je te venais prier de ne le point haïr : Faibles projets d'un cœur trop plein de ce qu'il aime ! Hélas ! Je ne t'ai pu parler que de toi-même ! Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour : 700 Digne fils du héros qui t'a donné le jour, Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite. La veuve de Thésée ose aimer Hippolite ! Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper ; Voilà mon cœur : c'est là que ta main doit frapper Impatient déjà d'expier son offense, Au devant de ton bras je le sens qui s'avance. [...]
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