Deuxième scène essentielle de la pièce, celle de l'aveu direct à l'homme qu'elle aime, après avoir avoué à sa nourrice, c'est-à-dire encore un peu elle-même. Thésée est supposé mort (I, 4), et Oenone conseille à Phèdre d'avouer son amour à Hippolyte et de régler le conflit politique (I, 5).
Phèdre, affaiblie, consent, mais lentement car une femme ne peut déclarer son amour d'après la bienséance classique ; Racine respecte la bienséance, mais en frôlant les limites : cette audace de Phèdre témoigne de la force de sa passion.
Or, le spectateur sait depuis II, 1 et 2 qu'Aricie et Hippolyte s'aiment. Le long cheminement de Phèdre ne peut que toucher le spectateur, qui sait d'avance sa démarche vaine. Phèdre s'efforce d'être d'abord la veuve et la mère, mais le masque tombe (...)
[...] Le héros est associé à la rime avec l'élite Le Pourquoi ? (deux occurrences) est par excellence celui de la tragédie, et c'est un appel indirect à Hippolyte. Mais Phèdre est entrée dans la vision, et avec l'enjambement du vers 647, elle voit le prince entrer L'antéposition en tête de vers de Par vous accorde tout le succès de la légende à Hippolyte. Le conditionnel passé (1ère et 2ème formes), utilisé neuf fois, qui exprime bien l'irréel, montre la recomposition qui s'effectue jusqu'au bout. [...]
[...] Phèdre, Acte II, scène v. 631-713 L'aveu à Hippolyte Deuxième scène essentielle de la pièce, celle de l'aveu direct à l'homme qu'elle aime, après avoir avoué à sa nourrice, c'est-à-dire encore un peu elle-même. Thésée est supposé mort et Oenone conseille à Phèdre d'avouer son amour à Hippolyte et de régler le conflit politique 5). Phèdre, affaiblie, consent, mais lentement car une femme ne peut déclarer son amour d'après la bienséance classique ; Racine respecte la bienséance, mais en frôlant les limites : cette audace de Phèdre témoigne de la force de sa passion. [...]
[...] la tirade de l'érotisme onirique (v. 631-662). La réplique d'Hippolyte montre bien sa naïveté ; son inexpérience de l'amour, ainsi que l'adoration de son père, le maintiennent dans la méprise. Il interprète mal ce qu'il voit (insistance déjà de la vue - le mot oeil est avec dieu(x) le plus employé dans la pièce), en spectateur du miracle prodigieux de l'amour auquel il voudrait croire depuis peu. Phèdre essaie de conserver une distance, en l'appelant Prince et en maniant le langage galant à sa suite, avec languir et brûler Elle ruse avec les mots et tâche de se raccrocher au nom de Thésée. [...]
[...] (NB : développer a le sens de déplier, déployer). Ariane n'est pas nommée directement pour éviter une présence réelle, et permettre à Phèdre de prendre sa place : Thésée ayant été remplacé, il lui faut une nouvelle partenaire. Une étape est franchie clairement avec Mais non en tête de vers, et avant une pause, et finalement le mot est lâché : l'amour 654). Il y a libération, traduite dans l'exaltation qui suit : répétition de c'est moi qui encadre Hippolyte dans le vers, enjambement et phrase exclamative (v.657). [...]
[...] Aussitôt, Phèdre se replace en tant que reine, en reparlant au Prince rejeté en tête de vers, et surtout avec le soin de ma gloire l'attention portée à). La gloire est une notion importante : c'est aussi ce sentiment qui fait souffrir Phèdre, et qui fait d'elle un personnage de tragédie. Devant un Hippolyte si pur / puritain, la Reine revêt son habit de souveraine. Il n'a plus qu'à feindre d'avoir mal compris, mais en restant équivoque : sa rougeur, la proximité entre à tort et discours innocent et tout le vers 669, laissent entendre que Phèdre a bel et bien commis une faute. [...]
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