Inspirée librement de l'Antiquité romaine et d'une remarque de l'historien Suétone, la pièce aborde frontalement le thème du conflit entre deux absolus : le pouvoir et l'amour. Titus est proclamé empereur suite à la mort de son père Vespasien. Or cette lourde responsabilité ne se concilie pas avec la vie amoureuse de Titus, marquée par sa relation avec Bérénice, reine de Palestine qui est son amante depuis cinq années et qu'il a ramenée d'une campagne victorieuse en Judée.
Confronté à l'opposition du Sénat, comprenant progressivement dans la douleur que Rome n'acceptera jamais sa liaison avec une étrangère, Titus va se résoudre à rompre (...)
[...] Avec une belle finesse psychologique, Racine fait déclarer à Titus son amour au moment même ou il décide de rompre! _ La force de l'amour : Ce passage est donc aussi l'ultime déclaration d'amour d'un homme juste avant la rupture. Le pathétique surgit de ce paradoxe : Titus s'autorise au lyrisme amoureux sait ( ) les chemins de mon cœur ; un cœur que j'adore ; vertus de la reine tant d'amour jusque dans sa façon de pratiquer l'ironie sombre ton cœur te promet-il assez de cruauté? [...]
[...] _ Troisième phase (vers 1000 à 1012) : Titus se prend à rêver d'une autre issue. Cette phase est elle-même décomposable en petites étapes révélatrices avec la série des questions (vers 1000 à 1004) ; l'auto persuasion pendant laquelle Titus tente de croire à l'impossible (vers 1005 à 1009) ; la tentative de repousser l'échéance (vers 1010 à 1012) . _ Quatrième phase (vers 1013) : la coupe centrale à l'hémistiche permet de bien opposer le fantasme du Titus amoureux Rome sera pour nous . [...]
[...] Confronté à l'opposition du Sénat, comprenant progressivement dans la douleur que Rome n'acceptera jamais sa liaison avec une étrangère, Titus va se résoudre à rompre. Juste avant le moment de vérité face à Bérénice intervient cette fameuse scène 4 de l'acte IV. Ce monologue de Titus est l'instant précis ou les ultimes hésitations se manifestent encore avant de céder progressivement devant le réalisme politique et devant les attentes de Rome. La nécessaire rupture de sa relation avec Bérénice est désormais assumée. [...]
[...] Titus, un personnage tragique : _ Le monologue tout entier et tout particulièrement cet extrait a pour logique de montrer l'impuissance de Titus à faire triompher sa volonté : il est le prisonnier de son statut. Ce monologue est le témoignage d'un combat perdu par Titus sur les deux fronts : impuissance à échapper au malheur de Bérénice, impuissance à échapper aux attentes de Rome. _ La conscience tragique de Titus : les premiers vers du monologue sont marqués par un ton ironique sombre qui est le propre d'un homme fataliste qui sait que la lutte est vaine. [...]
[...] mais le lexique employé cruauté barbare pour définir le rôle qu'impose le pouvoir ne fait que trahir les bouffées amoureuses qui perturbent sans cesse le discours de raison. Des mots comme téméraire et combat soulignent la conscience de la difficulté à assumer la responsabilité d'être empereur répondant aux attentes de Rome. _ L'intervention soudaine du Je est le moment ou l'empereur s'efface devant l'homme amoureux. Les questions expriment les doutes dans la capacité de l'amoureux à se discipliner et être raisonnable. Elles préparent le terrain à la rêverie utopique. [...]
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