Bérénice, tragédie en cinq actes écrite en 1670 par Jean Racine se construit autour d'un triangle amoureux, en effet Antiochus aime Bérénice qui aime et est aimée de Titus.
L'oeuvre présente aussi le problème du choix entre le devoir envers sa cité et l'amour personnel, c'est un conflit entre le privé et le public. L'extrait que nous allons étudier est une tirade de Bérénice comportant dix-neuf vers (...)
[...] Dans cette tirade, Bérénice évoque ce manque de communication. Elle emploie à deux reprises la synecdoque cette bouche (v.1105 et v. 1107) qui désigne Titus. Le fait de ramener son amant à un organe de la parole insiste sur cet échange verbal trompeur, l'utilisation du déictique cette apportant une valeur dépréciative à la bouche de Titus. La bouche de son amant, donc la communication, semble être la cause de son erreur. Elle insiste sur les promesses de Titus, sur ses mille serments qui lui faisaient espérer une union éternelle. [...]
[...] C'st un passage pathétique où Bérénice cherche à persuader et à se persuader. On peut observer plusieurs tonalités, Bérénice accuse puis se lance dans une complainte élégiaque. Il s'agit alors de voir en quoi dans cette tirade Bérénice se retrouve confrontée à la réalité. Dans un premier temps nous nous pencherons sur le rôle de la communication, puis nous verrons comment à travers ses paroles Bérénice marque son accablement. Enfin nous serons amenés à réfléchir sur l'exil forcé de Bérénice. [...]
[...] Les adieux auxquels elle semblait si indifférente apparaissent comme [cruels] (v.1112). Elle évoque alors la souffrance, son amour comme cause de chagrin. Elle se remet alors en cause, cherchant à comprendre le pourquoi de cette séparation forcée s'interrogeant sur l'erreur (v.1118) qu'elle aurait pu commettre. Elle finit alors par s'en prendre à celui qu'elle aime le qualifiant d' »ingrat (v.1119), elle donne l'image d'un Titus qui a profité d'elle et qui l'éloigne sans remords de lui en opposant moi et lui (v. [...]
[...] C'st en s'avouant infidèle (v.1107) que l'amant a fait comprendre à Bérénice qu'elle devait s'en aller. Racine écrit à mes yeux s'avouant infidèle (v.1107). Les yeux montrent que tout semblait clair à la reine qui était auparavant aveuglée et qui se refusait à voir la réalité. Les paroles permettent donc aux personnages d'entrer dans la réalité. Bérénice (v.1110) montre sa résolution à ne plus jamais l'écouter. Or c'est en prononçant ces mots qu'elle entre dans la réalité, qu'elle semble prendre conscience de la portée de ces paroles, l a répétition plus jamais ! [...]
[...] En effet, c'est elle qui doit s'éloigner et cette séparation se traduit dans le texte par ses paroles. Elle commence en les rassemblant tous les deux, souffrirons-nous (v.1113) l'utilisation du pronom personnel à la première personne du pluriel montre qu'ils forment encore un couple puis au vers suivant me et vous apparaissent séparés par le verbe séparent Titus devient ensuite l'ingrat puis l'utilisation de la troisième personne du singulier alors qu'elle se trouve en face de Titus montre la distance qu'elle installe entre elle et son amant. [...]
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