Le thème du conflit entre l'amour et la raison d'état était particulièrement apprécié par les contemporains de Racine et était d'une grande efficacité dramatique, puisqu'il imposait au héros de faire un choix. En ce qui concerne Bérénice, son statut de reine, loin de l'aider dans sa quête amoureuse, constitue une entrave à son bonheur, puisqu'il provoque l'hostilité de Rome.
Ainsi, la scène 5 de l'acte IV présente la tirade d'une Bérénice déchirée intérieurement qui apparaît bien loin de la figure tendre et vertueuse évoquée au début de la pièce (...)
[...] Une immense colère gronde au fond de Bérénice mais elle ne parvient pas à éclater c'est pour cela qu'elle se renferme sur elle-même afin de disparaître à jamais (v1109) je n'écoute plus rien ; et pour jamais adieu l'emploi des adverbes scelle pour toujours sa décision qui est renforcée par le champ lexical de l'infini (v1108) éternelle (v1109) pour jamais adieu (v1120) absence Le champ lexical du temps marque la prise de conscience de Bérénice (v1120) jour(s) (v1113) Dans un moi, dans un an . mais aussi le fait qu'elle veuille se projeter ainsi dans l'avenir. Enfin, elle décide de rompre avec toute cette mascarade qui ne cesse de la faire souffrir. Cette rupture est illustrée par l'utilisation de l'anaphore du privatif sans que doublée d'un chiasme : Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice, Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? En s'interrogeant, Bérénice ne fait qu'accentuer l'impossible de la relation qu'elle aurait avec Titus. [...]
[...] Conclusion : L'évolution de Bérénice condamnée à accepter son douloureux destin jusqu'à s'en ôter la vie, assure le rythme dramatique de la scène fait d'avancées et de reculs, de révoltes et d'acceptations. Bérénice, en renonçant à l'égoïsme amoureux, accède définitivement à la grandeur du héros tragique. Nous pouvons établir un parallèle entre l'œuvre Bérénice de Racine et celle de Corneille Tite et Bérénice Tandis que l'héroïne cornélienne est comme convertie aux valeurs de Rome, la Bérénice de Racine, au contraire, n'est qu'une victime consentante et résignée. [...]
[...] Racine, Bérénice, Acte IV scène 5 Introduction Nous sommes en présence d'une tirade que Bérénice prononce du vers 1103 au vers 1121 à l'acte IV, scène 5 de la pièce de théâtre Bérénice, écrite par Jean Racine en 1670. Le thème du conflit entre l'amour et la raison d'état était particulièrement apprécié par les contemporains de Racine et était d'une grande efficacité dramatique, puisqu'il imposait au héros de faire un choix. En ce qui concerne Bérénice, son statut de reine, loin de l'aider dans sa quête amoureuse, constitue une entrave à son bonheur, puisqu'il provoque l'hostilité de Rome. [...]
[...] Régnez, cruel ; contentez votre gloire». Puis des vers 1110 à 1121 le sol se dérobe sous ses pieds, elle se sent blessée et tournée en ridicule. C'est un profond cri de désespoir de la part de Bérénice, il se fait ressentir dans l'utilisation du parallélisme (v1115) Que le jour recommence et que le jour finisse Elle se remet en question : Mais quelle est mon erreur et que de soins perdus Ses injonctions désespérées sont exprimées à travers les verbes à l'impératif : (1103) »Régnez et contentez Pour Bérénice cette histoire est finie, elle n'attend plus rien de l'amour et veut finir ses jours : Je n'écoute plus rien et pour jamais adieu ce vers au rythme décroissant confirme cette volonté de marquer la fin. [...]
[...] Elle ne veut plus que Titus fasse attention à elle et le considère désormais comme un ingrat. L'utilisation du pronom il crée tout à coup une distance et fait ressentir la colère qui gronde au fond d'elle : (v1119-1121) L'ingrat, de mon départ consolé par avance, Daignera compter les jours de mon absence ? Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts Le dernier vers de la tirade de Bérénice fait ressortir la rancoeur qu'elle a pour Titus. [...]
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