Il se trouve dans la situation classique du héros tragique qui accuse les Dieux car la passion fait obstacle à la raison qui lui permettrait de prendre conscience de ses fautes.
Dans cette première partie, le héros conserve la maîtrise de son style pour s'adresser au ciel qu'il personnifie (tutoiement, apositoire, trait psychologique).
Il s'acharne systématiquement contre Oreste pour le conduire à sa perte, il se considère comme le jouet des Dieux) (...)
[...] Il semble prendre vaguement conscience de cette situation (Quelle horreur ma saisit Il a perdu son arrogance, il semble complètement égaré. Le deuxième tableau L'intervention de Pylade, son ami fidèle loin de l'apaiser aggrave son état puisqu'il le prend pour Pyrrhus tout en maintenant les formes interrogatives qu'exprime son égarement. Il manifeste sa fureur par la violence du vocabulaire (il voudrait le supprimer un seconde fois abandonnant son statut princier, il se rue su sa victime comme une bête en furie). [...]
[...] Cette vision terrifiante est complétée par celle de l'éternelle nuit de la pièce (expression de la passion et de la fatalité), nuit qui pourrait le protéger contre lui-même, ce qui apparaît au vers 1641 lorsqu' Oreste semble se dédoubler comme si son destin était trop lourd à poser. III Retour à la lucidité Il se rend compte que la passion est à l'origine de sa douleur et ce retour à la lucidité s'accompagne toutefois d'une atmosphère barbare (Je lui porte enfin mon cœur à dévorer). Il semble éprouver une dernière joie en se livrant en victime consentante au tourment que lui inflige Hermione même après sa mort. Il renoue ainsi avec la tradition des Atrides. [...]
[...] Hélas Hermione reproche aussitôt son geste à Oreste et se suicide sur le corps de Pyrrhus. A la fin de la pièce, Andromaque est marié avec Pyrrhus et l'assassinat se produit au moment du mariage. Oreste exprime son désespoir à cette nouvelle. Ayant perdu sur tous les tableaux, il se considère comme victime accomplie de la fatalité avant de sombrer dans l'hallucination et la folie. Dans cette tirade qui tourne au monologue, nous verrons tout d'abord les reproches qu'adresse Oreste aux Dieux puis les trois tableaux où Racine nous dépeint son enfoncement dans la folie. [...]
[...] L'ironie Il ironise en mettant en évidence le haut degré de réussite de cet acharnement qui fait du malheureux Oreste un modèle accompli des infortunes qui peuvent frapper l'humanité. D'autres expressions insistent sur ce thème : compte des douleurs”, meurs content” est à prendre ironiquement et signifie qu'il n'a plus rien à désirer dans le domaine des catastrophes. Le suicide Cependant, sa passion le pousse à une provocation puisqu'il veut parfaire l'ouvrage des Dieux par son suicide. En effet, pris d'une folie et d'une jalousie sanguinaires, il pense à retrouver la joie dans le bain de sang affreux et sacrilège qui accompagnerait son geste (vers 1622- 1623). [...]
[...] Conclusion Le dénouement confirme le pessimisme racinien concernant les dangers de la passion plus redoutable encore que le courroux du Ciel. Elle conduit le héros à se déchirer lui-même et à se faire l'artisan incorrigible de sa perte. Mais cette faiblesse ne lui retire pas sa grandeur. L'extrémité même de sa souffrance lui confère une noblesse qui s'exprime à travers les célèbres images poétiques dont use Racine. Même dans le crime, il n'est pas un monstre et demeure digne d'éveiller l'admiration et la pitié. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture