Le chapitre XXXX se situe au coeur des guerres picrocholines, mais l'on marque néanmoins ici une pause dans les affrontements. Le combatif Frère Jean a précédemment vaillamment sauvé son coin de vigne des assaillants, faisant preuve de bravoure et d'impartialité (...)
[...] - Gargantua approuve, puis entreprend de remonter aux sources de cette mise au ban des moines. Selon lui, cela tient indiscutablement à ce que les moines "mangent le merde du monde, c'est à dire les péchés". S'en suit une parallèle très critique des moines et de leurs abbayes/couvents avec les excréments et les latrines ƒ Si les moines sont tenus à l'écart, reclus dans leurs couvent, c'est pour la même raison qui fait que les latrines sont écartées de la maison. [...]
[...] L'action de ce passage se situe alors qu'il soupe en compagnie de Gargantua -qui l'a chaleureusement félicité, ainsi qu'avec Grandgousier, Gymnaste, Ponocrates et Eudémon. Ce chapitre se présente sous forme d'un dialogue tenu autour d'une table, alors que les protagonistes soupent joyeusement. Toutefois, sous cette apparence plaisante et légère, l'on peut distinguer une vive attaque contre les moines. Ce passage s'articule entre autres autour d'une opposition majeure : opposition entre ce qui se dit au sujet des moines - considérés comme gens inutiles voire nuisibles - et la personne de frère Jean, qui lui n'est absolument pas un oisif. [...]
[...] Il rapporte ce qu'il a observé/lu/entendu ƒ Comment cela est-il possible qu'ils soient si mal considérés alors qu'il a sous les yeux un Frère Jean valeureux et de bon compagnon ? - Les moines sont écartés de "toutes bonnes compagnies" : retour ici de ce motif de la bonne compagnie représentée par les "bienyvres"ƒImportance du partage, de la mise en commun -de la bonne chère et du bon vin, mais dans un sens plus large des idées et connaissances. Or les moines sont considérés comme des "trouble fête", fuis de tous. [...]
[...] La grâce de Dieu se manifeste à eux directement. Thèse d'une grande puissance mais avancée de façon très rapide, en une demi-réplique de Gargantua, qui s'intéresse ensuite au cas particulier de frère Jean. II- Frère Jean des Entommeures ou le portrait en négatif de ses pairs - A l'inverse des autres moines, "chacun le souhaite en sa compagnie" pour cette raison qu'il possède nombre de qualités manquantes à ses homologues, qui plus est les qualités essentielles qui font d'un homme un bon chrétien : "il travaille, défend les opprimés, conforte les affligés, subvient les souffreteux" ƒ sorte de résumé de la morale chrétienne : labeur, justice, humanité, charité. [...]
[...] Ce n'est pas une oraison, mais un "moque-Dieu" ; ils ne prient pas par croyance mais par intérêt matériel (de "peur de perdre leurs miches et soupes grasses"): accusation très violente : dépravation des moines, foi feinte, matérialisme ƒ contraire à ce que sont censés observer les moines. - Centre du passage : Rabelais rejette l'intercession des moines ƒ Tout bon chrétien prie lui-même Dieu (les moines ne sont pas de bons chrétiens mais se moquent de Dieu sans avoir besoin d'intermédiaire (sinon l'Esprit). [...]
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