En s'inspirant des Grandes et inestimables chroniques de l'énorme géant Gargantua, ouvrage anonyme publié en 1532, Rabelais reprend quelques épisodes en un prologue et 58 chapitres dans Gargantua.
Le titre attire l'attention de l'auditeur en résumant les principaux faits du chapitre « au sujet de », substantif introduit par le de latin, principe à la fois archaïsant et latinisant. S'inspire du roman d'apprentissage en évoquant les différentes étapes de l'épanouissement de Gagantua de sa naissance à la sagesse.
Il s'agira de montrer pourquoi Rabelais choisit le personnage du géant dans son roman d'apprentissage.
[...] Tout d'abord, Rabelais évoque par le présence d'un géant le conte merveilleux. De plus, par ce personnage invraisemblable et démesuré, il suscite le rire du lecteur. Mais ce n'est qu'une enveloppe qui cache une satire des idées reçues à travers un personnage qui agit comme un révélateur par sa différence. Un géant de conte merveilleux Naissance de Gargantua dans des circonstances invraisemblables relatées dans le chapitre VI : print son chemin à gauche, et sortit par l'aureille senestre Des sa naissance, le cris de l'enfant étonne : soubdain qu'il fut né, ne cria comme les aultres enfants : mies ! [...]
[...] Le géant incarne la force qu'il faut domestiquer, humaniser, voire rendre humaniste. Ainsi, Garagantua, dont les seules qualiéts semblent d'être capable de porter les charges le splus lourdes, d'occuper le plus vaste espace, de manger des quantités les plus énormes, voire de réciter bêtement les textes les plus longs, apprend peu à peu, au contact de Ponocrates, d'Eudémon, de Gymnaste, de frère Jean, à ne plus user de sa force seule, mais à la tempérer par la sagesse, l'agilité, le discours, l'activité et l'esprit d'entreprise. [...]
[...] mais à haulte voix s'ecrioit : A boire ! à boire ! à boire ! comme invitant tout le monde à boire, si bien qu'il fut ouy de tout le pays de beusse et de babaroys Les origines du prénom de Gargantua sont soulignées par le titre et par les explications données par le père dans le premier chapitre : comment le nom fut imposé à Gargantua que grand tu as ! (supple le gousier). Ce que ouyans, les assistants dirent que vrayment il debvoit avoir par ce le nom Gargantua C'est son appétit démesuré, invraisemblable qui étonne choque et interpelle le lecteur. [...]
[...] Création langagière jubilatoire. Exagération : hyperbole fait rire par sa disproportion, le jeu des nombres, toujours astronomiques a une fonction de détruire l'illusion de la réalité et nous permet de rire de ce qui autrement serait insoutenable. A l'exagération des nombre il faut ajouter celle des termes : cri horrible qui fait echo à celui de Frère jean qui clôt la bataille livrée pour reprendre la Roche Clermault : puis s'écria horriblement et les siens ensemble Les comparaisons contribuent à l'hyperbole. [...]
[...] Un géant peut cacher un humaniste Mais il introduit le plus souvent une satire violente. Le gigantisme exprime l'immensité de l'espoir qui anime les humanistes en ce début de XVIe siècle, l'intensité de leur confiance dans la nature humaine et dans son perfectionnement. L'homme écrasé par Dieu et par la nature pendant le Moyen-Age se libère Cette histoire de géant n'est pour Rabelais qu'un prétexte : il s'agit de plaire aux lecteurs pour les inciter à lire, puis les amener progressivement à réfléchir comme le souligne l'allégorie de silènes exposée dans le prologue. [...]
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