Le texte commence par décrire le portrait physique des personnages : un grand maigre et une petite grosse : le prototype du couple grotesque (songer notamment à Laurel et Hardy !). Sur le plan social, ce n'est guère plus brillant : ils sont pauvres, mal intégrés dans la société (Gaston est un "bon à rien"), ils "tirent le diable par la queue, connaissent des fins de mois difficiles ; elle porte des souliers "éculés", lui des manchettes usées au point de s'effranger.
Ils gardent pourtant leur dignité : "ils n'en faisaient pas une histoire". L'auteur suggère, sans le dire, que les repas dominicaux "quasi hebdomadaires" étaient une façon, pour André et sa femme, de les aider discrètement (...)
[...] Noter la parataxe qui renforce l'opposition : "On les enviait de cette possibilité d'éternelle lune de miel. Ils en crevaient." - le regard des parents n'est vu qu'à travers celui du narrateur. On pressent leur compréhension, leur pudeur, mais l'auteur nous laisse deviner leurs sentiments. - le regard de Françoise, qui pressent un drame sans en connaître la raison, et joue un rôle en conséquence. - en opposition, le regard du narrateur, dépourvu de toute indulgence : "moi, leurs manières à tous m'emmerdaient". [...]
[...] L'adolescent dénigre les adultes avec violence, les trouvant inauthentiques et sans prestige. II "Je m'étais lourdement trompé . " Cette deuxième partie contredit la première, comme le regard de l'adulte informé contredit celui de l'enfant aveuglé. L'auteur multiplie les marques temporelles qui marquent la distance: "Aujourd'hui", "alors", "et maintenant . " - une distance d'autant plus grande que les protagonistes sont morts : les parents d'abord, puis Gaston et Nicole - une mort silencieuse et modeste, qui tranche encore plus violemment avec les larmes théâtrales de la sœur dans la première partie : elle jouait vraiment une comédie odieuse. [...]
[...] - cette opposition se renforce dans le dernier : à l'émotivité réelle, mais bruyante et maladroite du frère s'oppose l'aspect impeccable, mais glacial et inauthentique de Françoise : "l'art consommé qu'elle déploie à laisser couler de nobles larmes" : rythme régulier, vocabulaire noble (antéposition de l'adjectif dans "nobles larmes"), hypercorrection du langage correspondant à l'attitude de la femme parfaitement conventionnelle. A l'inverse, le frère "brais" (voc. animal), "à gros bouillons" (familiarité), "morveux et l'œil gonflé" : vulgarité, enfance, mais aussi naturel et sincérité. A la fin de ce texte, il y a donc inversion des valeurs : Gaston et Nicole prennent une dimension émouvante et touchante ; le regard du narrateur se fait positif. Lui seul semblait les ignorer lorsqu'il était enfant, et lui seul les garde vraiment en mémoire. [...]
[...] Lecture analytique Effroyables jardins - Quint Partie 2 ID FDL : 504 Effroyables jardins» de Quint: Partie 2 Sommaire Un portrait très dévalorisant II) Je m'étais lourdement trompé Analyse "Gaston. Un bon à rien . " à "Vivants", pages 19-23. I Un portrait très dévalorisant : Le texte commence par décrire le portrait physique des personnages : un grand maigre et une petite grosse : le prototype du couple grotesque (songer notamment à Laurel et Hardy Sur le plan social, ce n'est guère plus brillant : ils sont pauvres, mal intégrés dans la société (Gaston est un "bon à rien"), ils "tirent le diable par la queue, connaissent des fins de mois difficiles ; elle porte des souliers "éculés", lui des manchettes usées au point de s'effranger. [...]
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