Dans Sur la lecture, une préface qu'il a rédigée pour Sésame et les Lys de Ruskin, Proust s'emploie à décrire et analyser une sorte d'expérience singulière de la lecture dont il se sert de matrice afin d'approfondir une extension plus réflexive et généralisante de cette dernière. La réminiscence (procédé littéraire fondateur, tout comme l'analepse, de l'oeuvre proustienne) d'une journée de vacances et de lecture sert alors de liminaire, de prélude, à ce prélude qu'est la préface. Bercé par le souvenir de ses lectures d'enfance, le Proust adulte, davantage objectif pourrait-on dire, conteste à la lecture le statut de communication quasi métaphysique que lui confère Ruskin. Ainsi, en s'opposant à la thèse évoquée par Descartes dans son Discours de la méthode selon laquelle « la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs », Proust préfère y voir un « miracle fécond d'une communication au sein de la solitude. » L'idée que l'on puisse considérer la lecture comme une vie spirituelle à part entière et la dénuer de son simple pouvoir introducteur est, selon l'auteur, un des dangers de la lecture elle-même.
Dès lors, on constate un extrait de la préface, de la page 37 à la page 39, particulièrement parlant quant aux dangers de la lecture. On peut alors s'interroger sur l'essence même de ses dangers ainsi que sur le «squelette» de l'argumentation qui l'étaye.
Ainsi, en analysant comment l'argumentation proustienne se déplace entre l'art de convaincre et celui de persuader, nous mettrons en évidence que le propos de l'auteur n'est pas de dire « Je lis donc je sais » mais que la lecture est un axe réflexif qui permet de chercher à savoir, afin de faire émerger les caractéristiques d'une vision iconoclaste de l'acte que constitue la lecture. (...)
[...] La description lyrique du parcours suivi par un lecteur imaginaire jusqu'à Amersfoort est un aspect du procédé persuasif, alors que son thème même, contenu en son sein, c'est à dire la recherche de la vérité et de la beauté est une illustration de l'acte de raison. Toutefois, notre constat ne peut s'arrêter ici. La thèse proustienne quant aux dangers de la lecture semble difficilement énonçable en quelques mots, d'une part à la vue de sa complexité et de l'autre par son originalité. On observe, comme nous l'avons énoncé précédemment que le propos de Proust n'est pas dire je lis donc je sais mais plutôt que la lecture est une introduction à la recherche du savoir. [...]
[...] La dénonciation si tel est le terme que l'on peut employé des dangers de la lecture apparaît alors comme un chaînon de l'argumentation. En effet, Proust s'attaque par la suite à l'idolâtrie des livres ou critique même, de manière limpide, des auteurs dont il apprécie guère les œuvres. On peut donc dire que ce passage, relatif au mal que peut faire un sorte de mode de lecture passif privilégie une sorte d'ascension intellectuel entre soi et soi. Ou alors : lecture, initiation au savoir, puis, quête du la connaissance. [...]
[...] Par opposition antithétique l'auteur confère alors à la lecture la dimension d'une véritable action. Lire est un acte, un acte en action. C'est cette dimension qui pousse à rechercher et qui n'offre pas une culture que l'on pourrait qualifier de prêt à penser. On peu d'ailleurs parler de véritable mise en abyme comme le témoigne la formulation proustienne : au fond de nous même la porte des demeures Au delà même du moi que l'on qualifie souvent de profond en littérature, c'est un véritable travail introspectif qui est proposé par Proust. [...]
[...] On peut alors s'interroger sur l'essence même de ses dangers ainsi que sur le squelette de l'argumentation qui l'étaye. Ainsi, en analysant comment l'argumentation proustienne se déplace entre l'art de convaincre et celui de persuader, nous mettrons en évidence que le propos de l'auteur n'est pas de dire Je lis donc je sais mais que la lecture est un axe réflexif qui permet de chercher à savoir, afin de faire émerger les caractéristiques d'une vision iconoclaste de l'acte que constitue la lecture. [...]
[...] Cependant, au delà de cet aspect évident de l'extrait, émerge après analyse, la vision d'un pensée iconoclaste de l'acte que constitue la lecture. Le première aspect innovateur de ce passage c'est l'hybridation que Proust met en place, entre ses déclaration théoriques et l'illustration plus matérielle (même si le terme est souvent raillé dans le passage). Par ailleurs, par rapport à la première partie de l'œuvre (centrée sur l'évocation du souvenir d'enfance), cet extrait semble mettre en valeur la voix du Proust adulte, détaché d'une certaine dualité entre ce je là et celui de son enfance. [...]
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