Nous nous rendrons compte pour commencer que non seulement les deux derniers paragraphes du récit Le Temps retrouvé fournissent une conclusion à La recherche du temps perdu malgré l'ambiguïté due à l'annonce du livre à écrire, mais que cette conclusion opère à la fois au point de vue de l'histoire du narrateur et du point de vue de l'esthétique que celui-ci propose (...)
[...] Cependant celle-ci n'est possible que parce que le Temps est perçu réversible. On remarque ici que la conception du Temps est marquée par celle de Kant[4]. Deux catégories sont évoquées pour y décrire les hommes, le Temps et l'espace. On voit en effet qu'ils occupent Une place si considérable dans le Temps, à côté de celle si restreinte dans l'espace Les deux catégories à priori de Kant sont donc opposées ici grâce au parallélisme si considérable/si restreinte L'espace, après la guerre, semble irréversible, des lieux disparus ne peuvent être retrouvés que dans le temps. [...]
[...] Proust invite donc selon une démarche religieuse, le lecteur à entamer comme le narrateur l'a fait un retour sur soi même pour accéder à la vraie vie. Cette démarche a donc pour vocation de proposer au lecteur d'accomplir à son tour une expérience métaphysique, une expérience religieuse[7]. Les dernières lignes de la RTP fournissent plusieurs conclusions, à l'intérieur de l'intrigue et sur le plan esthétique. Le narrateur résume sa conception du temps ressenti faisant monstrueusement grandir les hommes. Il projette un roman à venir incertain puisque lui même est soumis au Temps et craint que la mort ne l'empêche d'accomplir son œuvre. [...]
[...] Les échasses sont ainsi plus hautes que des clochers le réseau d'images auxquelles correspondent le Temps fait preuve de gigantisme, il s'agit d' échasses grandissant sans cesse d'une montagne qui donne le vertige tellement son altitude est élevée, d'une dimension qui rend les hommes comme des géants On remarque également la récurrence de l'adverbe si Les hommes occupent alors une place si considérable dans le Temps, le temps de Combray est si distant le Duc de Guermantes a tellement plus d'années que le héros qui a lui même des échasses si hautes Cependant si ce temps de la démesure crée des géants c'est parce qu'il remplit un espace à l'intérieur des êtres c'est parce que le Temps les façonne. Ainsi on voit que le Temps et les hommes sont intrinsèquement liés. Ce temps, chacun a à le maintenir attaché à [lui]. ; Le Temps support[e] le héros qui ne peut se mouvoir sans le déplacer comme [il le] pouvai[t] avec lui. [...]
[...] Ceci est alors en accord avec la construction de la RTP puisque le Temps retrouvé a été écrit en premier avec DCCS, et si on rétablit cet ordre, ce passage annonce bien l'histoire des hommes dans le Temps au long de la vie du héros. Par ailleurs, cette inversion des chemins correspond à un changement de référent du pronom personnel je En effet on remarque que le je narré, le héros raconté rejoint le je narrateur(le premier je narrant) et annonce qu'il deviendra un autre je narrant. [...]
[...] En effet pour l'atteindre seules la mémoire involontaire et l'écriture peuvent être utiles. Il s'agit pour lui d'effectuer un retour sur lui même pour enfin vivre la vraie vie et retrouver le Temps perdu. Pourtant l'œuvre ne se ferme pas sur le héros seul. En effet son oeuvre telle une cathédrale (on notera la référence à un clocher ainsi qu'aux archevêques créée grâce au Temps lui permettra d'accéder à la vraie vie. Cependant ici, l'accès à cette vraie vie ne concerne pas uniquement le narrateur il s'agit de montrer au lecteur le chemin pour y parvenir. [...]
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