Fiche de lecture de l'ouvrage de Pierre Cabanel: Les Protestants et la République.
En France, les protestants ne sont pas plus des français comme les autres que des protestants comme les autres. Triple spécificité : le nombre, l'espace, la sociologie, qui peuvent être vus comme autant de handicaps;l'histoire du protestantisme est celle d'un long déclin, en chiffres absolus jusqu'au XIX ème siècle, en chiffres relatifs tout au long de l'histoire.
[...] Mais l'essentiel reste le rejet dominant de l'antisémitisme et du racisme, et un rejet assez strictement théologique. Il semble que la référence proprement huguenote n'ait pas joué, initialement, contrairement à l'affaire Dreyfus qui vit le nom de Calas sur beaucoup de lèvres. Les deux grandes familles qui tendent à se partager l'intelligence protestante dans les années 1930, christianisme social et barthisme, ont développé une réflexion sans concession sur le regain de l'antisémitisme. Elie Gounelle en dénonce les composantes ethnologique, économique, politique et religieuse, dans un article paru dès le printemps 1933. [...]
[...] L'extrême droite protestante a-t-elle plongé dans le pétainisme voire le collaborationisme ? Les vieux terroirs du calvinisme républicain ont-ils été des terres de refuge, de résistance spirituelle ou armée ? On ne note pas d'attitude qui serait propre aux protestants, au moment de l'entrée en guerre de la France et durant la longue inaction de la drôle de guerre. Le 10 juillet 1940, les élus d'origine protestante ne se distinguent guère, au moment du vote des pleins pouvoir au maréchal Pétain : les députés Archimbaud, Berthézenne, Achille Fould, François Martin, François Peugeot, Pomaret, Hubert Rouger, le sénateur Lavergne, votent oui, leur collègue Steeg embarqué sur le Massilia, Philip et Godart sont des quatre-vingts qui ont voté contre. [...]
[...] Il en rapporte un Retour d'Espagne. Surgissement, force et diversité des droites protestantes Si l'orléanisme est bien une droite, et non le centre introuvable de la vie politique française, alors il est clair q'une grande partie du protestantisme, dont toutes les élites, appartient à cette "droite". Elle est libérale, certes, anticléricale, moderne, et se sait l'héritière d'une partie de la Révolution française. Il en va autrement à partir de l'affaire Dreyfus. [...]
[...] Les protestants expérimentent désormais un autre type de rapport avec le pouvoir et la laïcité : des rapports de soutien critique, parfois sévère, d'autant plus librement assumés qu'ils se tiennent pour les plus fidèles des alliés. Leur intervention dans le processus de Séparation reste le plus bel exemple de cette pression vigilante qui se garde bien de l'opposition stérile des catholiques, mais ne se fait aucune illusion sur les objectifs de certains courants ultralaïques. C'est aussi dans ce contexte, plus complexe que se développe à l'intérieur même du protestantisme un courant chrétien-social qui considère que l'établissement d'une République laïque ne saurait être tout l'horizon des Eglises., et qu'elles doivent contribuer à l'établissement de la justice sociale. [...]
[...] Naturellemnt, idées et influences s'incarnent dans des institutions, et les passeurs intellectuels n'ont pas manqué d'accéder à de véritables positions de pouvoir, politique et culturel.Ainsi dans divers secteurs on observe des sureprésentations significatives. -de 1871 à 1914, la proportions des ministres protestants s'est située entre 6 et ( 4 à 5 fois supérieur à ce que laissaient entendre les proportions démographiques avec de véritables places fortes, puisque on retrouve un protestant pendant près de 8 ans aux affaires étrangère ou encore aux Finances.L'instructuion publique a été en revanche plus que brièvement dirigée par un fils de la Réforme avant 1914 -l'influence protestante est à son zénith dans l'éducation au temps de Jules Ferry -sur 116 sénateurs inamovibles élus par les députés et leurs pairs au début du régime protestants ( 9 Dans certaines villes dépourvues de toute tradition protestante, la présence d'un préfet, d'un magistrat ou d'un doyen de faculté huguenots, puis d'une petite colonie ne manque pas de frapper l'attention. [...]
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