Parallèlement en latin médiéval, le terme de versus appartient au vocabulaire spécialisé de la musique religieuse, et est employé pour désigner la structure rythmique qui revient régulièrement, et qui est facilement identifiable au chant, le rendant plus harmonieux et plus mémorisable.
Cette dernière signification rappelle l'alliance originelle entre poésie, musique et mystique : les premiers textes versifiés sont chantés, voire psalmodiés : le vers se fait le langage des incantations, celui qui permet d'exprimer le sacer. Car se précise une nette séparation entre le langage utilitaire transparent au réel qu'est la prose, et le développement du vers comme incarnation du sublime, qui permet la communication avec Dieu.
[...] Cas du Don Juan : œuvre qui autorise ou condamne le libertinage ? Si l'on pense le Don Juan comme une remise en cause de la norme, une pièce du défi, à la quête infernale et l'enquête comique, alors la prose serait l'inscription textuelle de cette élocution non conforme. On peut donc envisager la prose d'art comme mimétique de l'ethos et du pathos de son objet . [...]
[...] Car au départ, toutes les littératures font des vers, et cela dans toutes les langues, pour se distinguer du langage quotidien. Cependant d'autres textes non poétiques étaient écrits en mètres : c'est le cas des textes médicaux, des traités scientifiques, car le mètre à une vertu mnémotechnique . Donc tout texte versifié n'est pas pour nécessairement poétique. Ceux qui exposent au moyen de mètres un sujet de médecine on a coutume de les appeler poètes. Cependant il n'y a rien de commun entre Homère et eux que le vers. [...]
[...] Le vers attire l'attention sur lui, appelle aux échos, ce qui opacifie le langage qui reçoit un surcroît de signification : le langage devient but pour lui-même, c'est-à-dire autotélique ; il vise par conséquent d'autres effets que ceux de l'utilitarisme référentiel. Poétique d'Aristote. La prose peut être désignée par les termes : psiloï logoï : discours nus logos : discours (forme générique / imitation de la rationalité) ta khudèn : pèle-mêle (par opposition à ta metra, qui désigne le mètre ou ta emmetra, ce qui est en mètre). a-metra : sans mètre. De Oratore, Cicéron. [...]
[...] Utilisé dans l'épopée, pour raconter la διέγεσις en langue noble et mémorisable ; nécessaire dans le théâtre pour exprimer la μιμεσις en langue noble et mémorisable. Cependant, c'est au XVII siècle qu'on voit apparaître les premiers grands textes poétiques en prose. On peut citer par exemple le Thélémaque de Fénelon, dont l'auteur se met dans la droite continuation de l'Illiade et l'Odysée mais choisit pour écrire son récit la prose poétique, annonçant le succès de l'épopée en prose depuis la chanson de geste (dite depuis le XVII poème en prose Vers la prose au théâtre. La tragédie grecque était hétérométrique. [...]
[...] Prose oratoire. La rhétorique reste un langage qui se veut efficace, par la mise en place d'une démarche de persuasion : elle a besoin de faire des effets pragmatiques, tout particulièrement en politique. Aristote réfléchit sur le bon dosage des effets figuraux : la rhétorique est une prose cadencée, mais qui obéit à certaines exigences liées aux effets recherchés. Prose d'art. Dans toutes les littératures, l'âge de la prose poétique a fini par apparaître après une première période ou le poiétique ne peut se concevoir que comme métrifié. [...]
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