Emile Chartier prend le pseudonyme d'Alain ( qui signifie homme de bon sens en breton ) au moment de l'affaire Dreyfus par obligation de réserve. Il commence ainsi une carrière de journaliste politique et d'opinion, sous Waldeck-Rousseau et Combes ( modèle du gouvernement radical ). ? Je suis né radical ?, dit Alain et réciproquement, tous les grands hommes du parti radical se sont réclamés d'Alain. Alain est radical par tempérament, il refuse la tyrannie, adore l'égalité. Ces idées apparaissent également profondément enracinées dans une époque. Une grande partie de ses propos, en effet, appartiennent à une époque obsolète, et sont fortement influencés par la culture politique un peu enfermée sur elle-même de la III° République.
[...] Alain pensait avec beaucoup d'analystes que la crise des années 30 était due à une crise de surproduction - on croit le contraire aujourd'hui Et Alain de critiquer la société de consommation qui produit du superflu, la consommation de inutile Il prêche, d'ailleurs, l'exemple au nom du principe de frugalité républicaine et dédaigne la radio. Pour Alain, c'est la frugalité de la vie qui est à la base de l'égalité. Il ne faut pas que les riches soient aussi détenteurs des autres pouvoirs. [...]
[...] Alain ne croit pas au pouvoir de la grande presse qui ferait l'opinion. Alain voit donc la démocratie comme contre-pouvoir institutionnalisé. La fonction de contrôle est essentielle en démocratie : les citoyens n'élisent pas des chefs mais des contrôleurs dont la tâche est de surveiller les agissements de la machine administrative et de la contenir. Le député doit être indépendant de tout parti, car ceux-ci faussent le mécanisme de contrôle. C'est pourquoi Alain défend avec vigueur le scrutin d'arrondissement (uninominal) contre la représentation proportionnelle (liste partisane). [...]
[...] A travers elles on peut atteindre une certaine vérité, à condition de s'y tenir et de les faire fonctionner correctement. Deux positions ressortent en définitive de la pensée politique d'Alain. D'une part, son moralisme politique, que certains ont réprouvé. Les recommandations formulées au citoyen sont en effet très morales: Alain prêche ses vertus, l'obéissance et la résistance, directement à l'individu. Celui-ci est au centre de ses préoccupations, parfois très pédagogiques : Alain enseigne la liberté de penser en pourfendant l'erreur et le préjugé. Ce moralisme politique n'est pas pour autant stérile. [...]
[...] Le fondement de l'attitude citoyenne doit être la résistance et l'obéissance : obéir de corps, ne jamais obéir d'esprit Le citoyen doit se conformer aux lois et à l'autorité non pas pour elle-mêmes, mais en conscience, en gardant toujours présent son indépendance de jugement, sa capacité de recul. L'obéissance doit se faire sans respect. Puisque tout pouvoir tend à se constituer sur le modèle militaire, il convient de freiner celui-ci par la résistance dans l'obéissance. Alain énumère des vertus citoyennes plutôt surprenantes au premier abord : résistance, non-respect, refus du pouvoir. [...]
[...] Cependant il faut faire attention que l'égalité, tout en étant respectée, ne nuise pas à l'individu. Alain est ainsi hostile à tout collectivisme : l'idée d'égalité est pour lui indissociable de la justice sociale. La défense du libre jugement est étroitement associée à l'individualisme. Alain défend une pensée libre, indépendante, presque anarchiste. Il rappelle que la fonction de penser ne se délègue pas : à travers chacun de ses propos, c'est une idée reçue, un préjugé qu'il combat. Le recueil s'achève sur des considérations sur la vérité des doctrines politiques. [...]
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