Propos sur le champ politique - Pierre Bourdieu
[...] Propos sur le champ politique. P. Bourdieu. C'est le titre et le thème d'une conférence prononcée par le sociologue Pierre Bourdieu, le 11 février 1999, dans le grand amphithéâtre de l'université de Lyon. Pierre Bourdieu y élabore, dans l'ouvrage qui a suivi, le concept neuf de " champ politique que l'on peut définir par ses structures et les rapports de forces internes que sa nature suppose (lutte pour l'élection et le pouvoir dans le champ politique, par exemple). IL convient de faire une synthèse des caractéristiques principales de ce champ, et d'en souligner les points critiques possibles. [...]
[...] On peut constater en effet que le discours dominant est produit, diffusé et imposé par des clubs, des commissions, des colloques, dits "autorisés", composés de membres au capital politique reconnu, c'est-à-dire de gens aux compétences professionnelles reconnues, au sein du champ, spécifiques à ce dernier. Bourdieu parle de "capital réputationnel", lié à la manière d'être perçu. Cette déconnexion du champ politique du reste de la société, cette transformation en "microcosme" politique (expression empruntée à R. Barre) semble liée à une professionnalisation accrue ces dernières décennies du personnel politique et à une dépossession de la majorité. Les militants ont été remplacés par des professionnels qui "vivent de la politique en vivant pour la politique". [...]
[...] En effet, le champ politique est un jeu dont l'enjeu est l'imposition légitime des principes de vision du monde social. D'où la tendance du champ politique à mimer une vérité, à laquelle ils s'efforcent de donner une légitimité "scientifique": par le biais des experts, très en vogue de nos jours, la garantie scientifique des affirmations et des constats (qui ne peuvent être mis en cause, dès lors qu'ils sont produits par des spécialistes) des politiques sur lesquels ils bâtissent leurs dicours partisans est assurée. [...]
[...] Il faut alors en plus légitimer son intervention, mais sans être obligé de prendre place au sein du champ politique en intégrant un parti, par exemple. Malheureusement, aujourd'hui, le sociologue est quelqu'un qui rend compte devant des sociologues et pas devant des politiques ou des journaliste. Du coup, les sociologues ne rendent pas tous les services qu'ils pourraient rendre. Mais pour Bourdieu, c'est une sorte de devoir civique que de rendre compte à l'Etat et aux concitoyens du savoir sur le monde social. Mais si le sociologue était écouté, il est vrai qu'il en découlerait une obligation pour beaucoup de politiques de s'y subordonner. [...]
[...] Mais qui peuvent être des coups médiatiques propres à l'augmentation du capital politique. En somme, on est face au dilemme récurrent entre neutralité politique du scientifique et nécessité d'intervenir. En conclusion, il paraît assez curieux que ne soit absolument pas abordée une question pourtant au goût du jour: Bourdieu, ici, paraît définir le champ politique, naturellement et sans justification plus précise, comme un concept à entendre au niveau national, ou du moins, il n'en donne pas de limite géographique, ce qui laisse à penser qu'il entend ce concept comme étant à borner aux frontières d'un Etat. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture