Avec la préface de Cromwell, en avançant que : « On répète néanmoins, et quelque temps encore sans doute on ira répétant : ? Suivez les règles ! Imitez les modèles ! Ce sont les règles qui ont formé les modèles ! ? Un moment ! Il y a en ce cas deux espèces de modèles, ceux qui se sont faits d'après les règles, et, avant eux, ceux d'après lesquels on a fait les règles. Or dans laquelle de ces deux catégories le génie doit-il se chercher une place ? (...)
[...] Les règles de l'imitation sont d'autant plus facilement remises en question qu'elles ont été fixées de façon arbitraire. En France Ronsard œuvre pour la hiérarchisation des genres pour servir son dessein d'être un très grand artiste et veille à ce que les genres dans lesquels il excelle soient des genres nobles. Ces règles servent uniquement le pouvoir monarchique puisque les artistes sont obligés pour être reconnus de produire des œuvres édifiantes ou plus ou moins de propagande. La politique et la religion sont deux thèmes très appréciés puisqu'ils servent à assoir d'avantage le pouvoir en place et sont présents à toutes les époques depuis la Grèce antique. [...]
[...] Victor Hugo oppose farouchement les principes de l'imitation et d'inspiration mais il est certain que l'imitation a depuis la Renaissance favorisé l'invention de procédés techniques et de concepts. En effet, l'une des caractéristiques de l'imitation en tant que renouvellement et reprise est le fait qu'on n'imite que pour mieux surpasser. Contrairement à l'opinion de Victor Hugo l'imitation ne s'oppose pas au progrès. Imiter c'est se mettre sur un pied d'égalité pour ensuite dépasser. Ainsi à la Renaissance l'ambition n'est pas de revenir à l'Antiquité mais de sortir grâce à l'imitation des temps obscurs du gothique et de commencer une ère nouvelle. [...]
[...] La théorie est un moyen pour l'artiste de rendre compte de façon intellectuelle de son travail. La perspective sert l'imitation et la narration. Elle n'est pas uniquement un procédé technique. Connue depuis l'Antiquité de façon empirique (Euclide rappelle dans les Eléments que la taille dépend de l'angle de vue) elle devient à la Renaissance un véritable procédé intellectuel, conçu pour servir l'imitation. C'est une recomposition de l'esprit qui donne l'illusion de la réalité mais qui s'en éloigne radicalement dans les faits. [...]
[...] L'imitation bien qu'elle repose sur des règles laisse une place à l'imitation puisqu'elle n'est pas copie mais remaniement de l'esprit. Victor Hugo, en s'opposant à l'imitation, défend la figure de l'artiste romantique : pur, génial, capable de création pure (puisque creatio signifie tiré du néant) et source de progrès. L'imitation empêcherait l'artiste d'être constamment tourné vers l'avenir. Refuser l'imitation c'est refuser l'idéalisation pour voir le monde tel qu'il est et ensuite entreprendre d'atteindre un idéal de civilisation. Ce refus de l'imitation entraîne un décloisonnement des genres et la fin des idéaux de beau et de vrai hérités de Platon. [...]
[...] Les deux procédés intellectuels les plus importants en art et en littérature, inventés à la Renaissance, résultent des besoins de l'imitation. Victor Hugo présente l'imitation comme un frein au progrès et à la création l'associant à l'institution qui contrôlait toute la production artistique de son époque, alors que l'imitation n'est pas incompatible avec l'invention et peut même la favoriser. [...]
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