L'objectif de cette ?uvre est de montrer que la portée de l'agir humain et celle de la responsabilité humaine ne valent plus, il s'agit donc d'y chercher une explication morale. La transformation de l'agir humain, dont une des facultés est la technique moderne, rend nécessaire une transformation de l'éthique. Une évolution importante s'est en effet dessinée puisque, dans l'antiquité, l'homme s'attachait à combattre puis à posséder la nature, dont l'immutabilité restait prédominante. Parallèlement, il s'attachait à construire une 'cité', un artefact social, qui, en apparence, maîtrise aujourd'hui la nature. La vulnérabilité de la nature qui s'est profilée depuis, devrait susciter en tout individu une attitude responsable puisque, d'une part, nous avons un grand pouvoir sur elle et, d'autre part, dans l'intérêt pour la nature se traduit une préoccupation morale envers celle qui lui permet d'exister.
[...] Il s'agit maintenant de s'attacher à la critique de l'utopisme marxiste. La première requête de celle-ci est l'abondance matérielle permettant de satisfaire les besoins de tous, la seconde est la facilité de s'approprier cette abondance. Son essence formelle est le loisir qui ne peut subsister qu'avec l'aisance. Si la technique semble être devenue "l'opium des masses", la question se pose de savoir ce que la nature sera encore à même de supporter et l'on observe alors à quels genres de limites il faudra se tenir. [...]
[...] Cette casuistique imaginative ne peut pourtant s'appliquer aux principes de la politique qui requièrent une décision quant à ce que l'on doit faire dans l'immédiateté. L'intellection éthique pour la responsabilité pour l'avenir visée peut néanmoins être rendue inopératoire en raison de la prescription qu'il faut davantage prêter l'oreille à la prophétie de malheur qu'à la prophétie de bonheur. Ainsi préférera-t-on éviter le risque de perspectives apocalyptiques même au prix de rater le cas échéant des accomplissements eschatologiques. S'ajoute à cette caractéristique, la crainte d'une autonomie de la technique après l'observation d'une dynamique cumulative des développements techniques. [...]
[...] Né en 1903 en Allemagne, élève de Husserl et Heidegger, Hans Jonas a été professeur à Jérusalem, au Canada, à New York et à Munich. Il fut l'auteur d'une œuvre importante dont les titres, traduits en français, sont La Religion gnostique, Le Concept de Dieu après Auschwist, Le Droit de mourir, Entre le néant et l'éternité. C. Thèmes auxquels pourrait se rapporter l'œuvre. Les idées développées dans Le Principe de responsabilité pourraient être utilisées autour de sujets sur le progrès, l'avenir de l'humanité et sa finalité, la responsabilité, mais aussi pour contredire l'utopie marxiste. [...]
[...] Notre dette à l'égard de l'avenir anonyme concerne donc seulement le trait le plus général, non le particulier, la possibilité formelle et non la réalité matérielle déterminée. En fait, pour cerner l'essence de la responsabilité peut-on avoir simplement recours à l'évidence archétypique du nouveau-né qui unit en lui-même la violence du déjà-être-là qui s'accrédite elle-même et l'impuissance, pleine des exigences du n'être-pas-encore, la fin en soi inconditionnelle de tout être vivant. Le nourrisson a ainsi besoin de la protection de ses géniteurs qui l'empêcheront de retomber dans le néant. [...]
[...] Celle-ci se sert de la peur pour inviter à l'action on parle d'heuristique de la peur, c'est la peur pour l'objet de la responsabilité. La sollicitude et l'espérance interviennent dans cette éthique de la responsabilité, mais c'est en le respect seul, sous réserve qu'il renvoie à un caractère "sacré", qui protégera le présent au bénéfice de l'avenir car il nous incombe de préserver "l'image de la ressemblance", soit de protéger notre héritage de la dégradation. Ce qui est un appel à un sentiment d'humilité qui paraît déficient en ce moment. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture