Commentaire composé entièrement rédigé de la scène du bal de La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette, où se rencontrent pour la première fois la Princesse et le duc de Nemours.
[...] Le roi et les reines demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point : les deux questions sont indiscrètes, en particulier la seconde qui est en même temps pertinente. Car elle suppose à juste raison que les deux personnages ont déjà dû entendre parler l'un de l'autre : la reine Dauphine, comme c'est très probable, se souvient qu'elle a déjà parlé à de Nemours à Mme de Clèves ; et il est très probable que M. [...]
[...] Il convient d'abord de rappeler que Mme de Clèves ignore qu'il vient d'arriver à la Cour ; ainsi l'effet de surprise est total. Ensuite, il arrive seul, après les autres, tel le clou du spectacle On ne sait d'abord pas de qui il s'agit, puisque les expressions pour le désigner restent vagues : quelqu'un qui entrait et à qui on faisait place En tous les cas, cet assez grand bruit et l'égard qu'on a pour lui l'érigent déjà comme un personnage susceptible d'éveiller la curiosité. [...]
[...] Comment l'auteur construit donc cette prédestination ? Il faut remarquer que ce n'est jamais le narrateur qui l'évoque ; il préfère s'effacer et utiliser les spectateurs de la scène, qui sont parfois pourvus d'un rôle bien plus agissant que celui de simples spectateurs, même s'il est inconscient. Car c'est inconsciemment que le roi devient l'instrument du destin ; par caprice ou quelque autre raison non explicitée dans le texte, il use de son autorité de monarque pour crier à la Princesse de prendre celui qui arrivait Par là, il ne laisse à Mme de Clèves comme à Nemours aucune liberté de choix, et même il contrecarre le projet de la première qui avait déjà dessein de prendre quelqu'un sauf à considérer, ce qui est bien improbable mais qui est peut-être une résonnance recherchée par la narratrice, que cette dernière expression fait étrangement écho au quelqu'un employé deux lignes plus haut et qui renvoie à M. [...]
[...] Les deux personnages se reconnaissent mutuellement de façon instantanée. La danse est l'expression concrète, physique, sensuelle du rapprochement. D'ailleurs, les pronoms personnels ils les et leur dont on peut relever par moins de neuf occurrences dans le paragraphe, renvoient à cette idée d'une fusion permise par la danse en une réalité une qui, telle un enchantement, se prolonge merveilleusement pendant quelques instants encore quand ils eurent fini sans leur donner le loisir qui ils étaient Liant deux jeunes gens qui à la fois savent qui ils sont et devraient l'ignorer, cette danse possède une forte charge érotique. [...]
[...] La plupart des grands personnages présents dans cette scène nous ont déjà été présentés par leur beauté extraordinaire, qu'il s'agisse du roi, de la reine dauphine, de M. de Guise, et bien sûr de Mme de Clèves comme de M. de Nemours, les deux personnages les mieux faits de la Cour. Dans celle-ci, on voit, comme on est perpétuellement observé, Mme de Clèves faisant l'objet de tous les regards l'on admira sa beauté et sa parure - et en particulier de ceux des rois et des reines, de M. de Nemours et surtout de M. de Guise, qui épie les réactions de la femme qu'il aime. [...]
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