1. Des références implicites
- Plusieurs termes et expressions renvoient à la représentation traditionnelle de l'enfer : le franchissement d'une porte, le verbe descendre, le titre du chapitre.
- La situation des déportés assimilable au supplice de Tantale : l'eau est là mais il n'est pas possible d'étancher sa soif.
- Le monde du camp fonctionne à l'inverse : cf. les nombreuses négations dans le texte et surtout les oppositions dans la construction des phrases. Ce qui serait logique dans le monde normal est en opposition avec ce que les déportés trouvent au camp (...)
[...] Un souvenir frappant même si Primo Levi ne veut pas se mettre en avant, ces choix d'écriture révèlent combien cette arrivée l'a frappé. Elle est effectivement racontée pour l'essentiel au présent de narration dès le début du second paragraphe (Que nous avons soif Ce temps permet d'atténuer la distance avec le passé et de mieux plonger le lecteur dans le déroulement des évènements. l'emploi du présent de narration conduit aussi l'auteur lui-même à revivre les faits racontés et les exclamations, les interrogations de Levi peuvent aussi bien être celles du déporté Levi arrivant à Auschwitz que celles de l'auteur Levi rédigeant son œuvre à Turin. [...]
[...] la dernière phrase souligne son mépris ; le détenu n'est plus un homme : le traversa du regard comme s'il était transparent, comme si personne n'avait parlé (déporté = personne). On peut d'ailleurs remarquer que la communication ne fonctionne que dans un seul sens : l'interprète est là pour traduire l'allemand, pour servir et, en aucune façon, ce qu'il peut dire à l'Allemand n'est pris en compte : ses demandes se heurtent au mépris de son interlocuteur comme si celui-ci n'avait rien à expliquer. [...]
[...] Primo Levi affirme ainsi la destruction d'une caractéristique proprement humaine : la pensée. Comment penser ? On ne peut plus penser . On pourrait évoquer là la célèbre affirmation de Descartes, Je pense donc je suis : les déportés ne peuvent plus penser, ils ne sont donc plus humains. le supplice du goute à goutte de l'eau dans les radiateurs conduit même l'auteur à évoquer la folie. Et l'attente renforce l'angoisse : nous qui attendons quelque chose qui ne peut être que terrible, et il ne se passe rien, et il continue à ne rien se passer. [...]
[...] De plus, les phrases de Primo Levi placent souvent les détenus en position passive ; ils subissent les actions : on nous fait entrer, ils nous mettent. Les actions qu'ils font d'eux-mêmes correspondent aux ordres allemands. ils sont ainsi uniformisés et le fait qu'on leur retire leurs papiers accentue cet aspect du traitement infligé. Il faut y ajouter l'humiliation que constitue l'ordre de se déshabiller (qui plus est dans une salle à peine chauffée) ainsi devant tout le monde, l'intimité du corps n'est bien-sûr plus respectée. [...]
[...] Il considère même cela au début comme une mauvaise blague : C'est de la blague, on veut se payer notre tête. de même l'absence de chaises ou de bancs est une moquerie cynique : les Allemands savent également que le voyage des déportés est long et qu'il est impossible de s'asseoir dans les wagons de marchandise qu'ils utilisent. les ordres que l'Allemand, semble-t-il, doit répéter à chaque arrivée, constituent une atteinte claire aux principes moraux (cf. III pour leur contenu). [...]
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