Commentaire entièrement rédigé de 3 pages sur le roman autobiographique de Primo Levi, « Si c'est un homme ». Les questions traitées sont les suivantes : Pouvons-nous penser qu'il y ait une place pour une forme d'optimisme dans « Si c'est un homme » ? Les hommes sont-ils encore des hommes dans les camps ?
[...] Le titre de l'ouvrage est également celui du poème, lui-même tiré d'un vers : considérez si c'est un homme Dans cette expression, la conjonction de subordination si introduit une subordonnée interrogative indirecte de valeur rhétorique : le poème terminé, le lecteur ne pourra répondre que par la négative car le Lager, tel que l'évoquent les lignes suivantes, est la négation d'une vie d'homme. Le sens est encore plus net dans le texte original. En effet, le démonstratif questo signifie en italien ceci cela et par cette distanciation renforce le caractère négatif de cet état, l'antithèse de ce qu'est pour Levi un homme. Cependant, si nous du recul face à cette négation, et donc si nous regardons au-delà de la tragédie, pouvons-nous penser qu'il y ait une place pour une forme d'optimisme dans Si c'est un homme ? [...]
[...] La démolition d'un homme est tout d'abord matérielle et mentale. Dès le second chapitre, Levi fait état de l'extrême dénuement dans lequel se trouvent les prisonniers du Lager dès leur arrivée. Privés de leurs vêtements, de leurs objets personnels, ils se trouvent à la fois désocialisés et fondus dans la masse anonyme d'une armée de larves : perte de l'identité, des signes de reconnaissance de l'individualité, de leur passé comme de leur avenir. Seul devient important le présent de la survie, comme dans le chapitre sept une bonne journée dans lequel la seule satisfaction des détenus consiste à goûter béatement le soleil printanier, à profiter d'une soupe supplémentaire de manière instinctive et animale. [...]
[...] Toute trace de vie affective, de vie mentale et de pensée semble avoir disparue, à l'image de Null Achtzen, détenu promis à la mort et à l'anéantissement, comme le début de son numéro l'indique. Mais il y a sans doute, plus gravement encore, dans cette perte irrémédiable de la paix, pour celui qui ne connaît pas le repos ce que nous indique également le poème liminaire, un anéantissement des valeurs morales. Placé dans une situation de menace continuelle, le détenu est amené à la compromission, à cette zone grise qu'évoque Levi dans son essai Les naufragés et les rescapés. [...]
[...] Les hommes doivent donc effectuer un devoir de mémoire afin de ne plus refaire les erreurs du passé, et pour construire un monde meilleur. Levi avait une foi intense en les valeurs humanistes, celle de la raison, de la mesure, de la réflexion qui devaient triompher de la folie nazie. Certes, nous avons pu voir au long de cette partie, qu'il y avait dans l'œuvre de Levi, quelques marques d'optimismes en ce qui concerne la vision de l'homme dans les camps, mais cet optimisme humaniste n'est-il pas vain face à cette folie humaniste ? [...]
[...] Les personnages d'Alex, du docteur Panwitz, relèvent de ces figures de la dénonciation. Peut-on prétendre au statut d'homme lorsque la cruauté jointe à la froide indifférence, à la technologie calculatrice et au fanatisme totalitaire supprime toute sensibilité, et toute pitié ? Le titre est donc au centre de l'œuvre, dont l'image dominante est peut-être celle qu'évoque le dernier chapitre, dans une vision totalisante de l'auteur, celle d'un homme décharné, le front courbé et [aux] épaules voûtées, dont le visage et les yeux ne reflètent nulle trace de pensée Finalement, nous avons pu voir que dans les camps subsistaient encore des traces d'une vision optimiste de l'homme grâce notamment à des gestes de solidarité entre les détenus, à des messages d'espoir, etc. [...]
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