Voltaire, par ses combats publics et ses prises de position, est l'archétype de l'intellectuel des Lumières. A 69 ans, il se lance dans une bataille pour la réhabilitation de Jean Calas, accusé d'avoir tué son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme, et roué vif à Toulouse en 1762. Trois ans plus tard, Voltaire, obtiendra gain de cause et Calas sera réhabilité. Le Traité sur la tolérance est une arme dans cette lute pour la justice, conçue initialement pour réparer une erreur judiciaire (...)
[...] L'habit teint en rouge et violet est une évocation aux cardinaux et aux évêques) et aux protestants (caractérisés par le refus des cultes : "se contentent de la lumière de ton soleil" ; le manteau de laine noire est le vêtement du pasteur). L'irrévérence de Voltaire vis à vis du culte catholique est visible car il le ridiculise . Il montre notamment l'absurdité d'allumer des cierges alors qu'il fait jour, il critique leur opulence, alors qu'ils sont censés prôner la charité et le voeux de pauvreté (ce qu'ils appellent "grandeur et richesse"). Il ridiculise le latin comme une langue incompréhensible (jargon) et pédante. [...]
[...] Triple exhortation aux hommes en s'incluant avec le "nous". ON remarque l'emploi de la défense (impératif négatif). Si on ne peut créer des valeurs positives, évitons toutefois le pire. Si on ne peut éprouver de l'amour, qu'au moins il n'y ait pas de haine. L'importance de préserver la paix et de ne pas créer de nouveaux conflits est un rappel implicite de la fugacité humaine. L'existence est un instant à rendre le moins pénible. La mention de lieux géographiques divers et opposés montre l'universalité des propos de Voltaire. [...]
[...] En même temps, Voltaire rappelle la petitesse humaine, "les faibles créatures", antithèse implicite avec le créateur. Elles montrent la fragilité existentielle de l'Homme; Il rabaisse les prétentions humaines et condamne un anthropocentrisme impénitent : nous sommes ridiculement petits au regard de l'univers ("perdus dans l'immensité imperceptible au reste de l'univers"). L'idée d'un cadre cosmique englobant l'humanité, de la coexistence entre un infiniment grand et un infiniment petit sont une référence à Pascal ; Le demandeur prend des précautions oratoires et multiplie les signes de soumission et d'humilité, préliminaires indispensables à la demande qui va être formulée "daigne". [...]
[...] L'italique incite aussi le lecteur à une distance ironique. Notons aussi les figures d'atténuation "petites pareilles d'un petit tois de boue", "quelques fragments d'un certain métal", qui, par l'emploi des adjectifs indéfinis, minimise la valeur de ce à quoi tiennent les hommes. Les prêtres et les pasteurs sont surtout intéressés par l'aspect matériel du rite, mais Voltaire les désacralise car ils sont superficiels et arbitraires. L'oxymore, à la ligne 13, entre "aimer" et "détester" indique la contradiction de ceux qui prêchent l'amour mais pratiquent la haine. [...]
[...] La prière est donc une forme habile de persuasion, car adressée à Dieu, elle fait de l'Homme son principal destinataire. On a presque le procédé théâtral de la double-énonciation (deux destinataires dont un est implicite). On voit que la violence humaine est un détournement des préceptes divins : elle est contre nature car l'homme a transformé des organes positifs en éléments négatifs : oxymores "coeur" pour haïr et "main" pour égorger. Le fait de partager la même condition humaine devrait faire naître une assistance mutuelle. [...]
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