Jacques Prévert (1900-1977), d'abord adepte du surréalisme, finit par quitter ce mouvement car trop indépendant d'esprit, il ne supporte guère les exigences de son fondateur André Breton. Il devient auteur de sketches d'une troupe théâtrale puis scénariste, dialoguiste et parolier. Le recueil de poèmes « Paroles » (1945) au langage familier et humoristique, fait de lui le « Parisien bohème », poète attachant de la ville et du monde populaire. Quelles critiques véhicule ce poème « L'épopée » de prime abord fantaisiste ? Nous verrons qu'il est une cinglante parodie des écrits épiques et qu'il y critique à la fois la guerre, la patrie et le conformisme de l'école (...)
[...] Aucun des procédés d'écriture accentuant le grandissement épique n'est utilisé. La seule forme de merveilleux, la promenade des deux jambes sans leur propriétaire, n'a aucun souffle épique suggérant la grandeur d'un personnage, bien au contraire. Transition : La scène décrite ici n'est épique qu'au sens populaire du terme. Autrement dit, ce cortège nous paraît bien laborieux et ridicule. Il est prétexte à une critique acerbe de la guerre, de la valeur patriotique et de l'enseignement historique. II Une satire critique : la guerre : La guerre n'est à aucun moment nommée mais l'image de sa barbarie nous est livrée à travers le personnage un invalide 2 l'article indéfini le rendant anonyme et représentatif de n'importe quel combattant alors que l'empereur lui, est unique. [...]
[...] Ainsi, une épopée met normalement en scène un héros central et toute une foule en arrière-fond. Or le chef, ici l'empereur est vraisemblablement mort, posé sur un tombereau que son seul aide de camp, mutilé, mène. Nulle mention d'autre personnage, même secondaire, ni d'une foule accompagnant le cortège. le récit : L'épopée rapporte habituellement de grands actions, de grands faits de guerre qui défendent les intérêts supérieurs d'un peuple comme sa religion, son unité territoriale, son patriotisme ou sa culture. [...]
[...] Quelles critiques véhicule ce poème l'Epopée prime abord fantaisiste ? Nous verrons qu'il est une cinglante parodie des écrits épiques et qu'il y critique à la fois la guerre, la patrie et le conformisme de l'école. I Une parodie du genre de l'épopée : la structure, le cadre et les personnages du poème : Le titre du poème pourrait nous laisser croire qu'il va s'agir d'une épopée. Les deux premiers vers, très longs, de quinze syllabes chacun s'étirent et le long adverbe interminablement finit le premier vers comme pour allonger encore la période. [...]
[...] L'absence de ponctuation, l'expression populaire au vers 12 et celle du derniers vers qu'est-ce-que vous voulez en lieu et place de que voulez-vous peuvent être associées à un récit enfantin. Ce vers 13 pousse au fatalisme, le sort est jeté, c'est ainsi et il faut l'accepter. Le point final, seul signe de ponctuation, aide à asséner cette contre-vérité. Conclusion : A travers une parodie du genre épique, Prévert critique la guerre faite au nom de la patrie et valorisée par son inscription dans l'histoire. [...]
[...] Ses jambes parties dans l'histoire là-bas attestent que l'histoire est loin du quotidien alors qu' elles lui seraient beaucoup plus utiles ici pour marcher. Sa mutilation ne compte plus, elle est reléguée à un vulgaire dommage collatéral. Le fait de répéter l'expression dans l'histoire aux vers 5 et 8 dénonce le lourd sacrifice fait en son nom. l'enseignement historique : Prévert se moque indirectement de la manière conformiste dont l'histoire est enseignée à l'école. Son poème ressemble par certains aspects à la composition fictive d'un mauvais élève. [...]
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