En 1934, Jacques Prévert (1900-1977) dans la calme Belle-Ile-en-Mer, entend parler d'un fait divers révoltant. Une trentaine d'enfants se sont évadés d'une maison de redressement afin d'échapper aux mauvais traitements et à une nourriture infecte. Ne pouvant quitter l'île, ils sont repris par les gendarmes aidés par des estivants désoeuvrés auxquels a été offerte une prime de vingt francs par fugitif. Les évadés, tous repris, sont tabassés et mis au pain sec et à l'eau pendant plusieurs semaines. Ulcéré, Jacques Prévert écrit d'une traite le poème « La Chasse à l'Enfant » auquel Joseph Kosma donnera une musique angoissante parfaitement adaptée au drame. Comment le poète a-t-il restitué cette mutinerie qui a donné suite à une campagne de presse mondiale sur la fermeture des bagnes d'enfants ? Nous verrons (...)
[...] Cette généralisation permet de sensibiliser le lecteur à la cause d'un enfant qui pourrait être le sien. Conclusion : Jacques Prévert, par la narration vivante de la fuite éperdue des ses jeunes mutins dénonce leur écrasement par une foule majoritaire et victorieuse d'avance qui leur a fait subir un traitement injuste contre lequel le narrateur et à travers lui le poète, s'insurge de toutes ses forces. Il se fait le témoin de ce drame et invite le lecteur à se fier au pouvoir de ses paroles pour exiger la fermeture des bagnes d'enfants. [...]
[...] Le narrateur dénonce ce rapport de forces inégal qui rend le combat perdu d'avance et par son engagement, va, lui seul, rester humain. II L'engagement du poète face à un combat perdu d'avance : un rapport de forces inégal : L'injustice est soulignée par un jeu d'antithèses. Les adultes violents s'opposent à l'enfant inoffensif. La maison de redressement doit être un lieu d'élévation et d'éducation. Or, les gardiens le laissent à terre étendu sur le ciment 11). D'autre part, le fugitif est seul et poursuivi par une foule unie par son désir de châtier. [...]
[...] La métaphore dominante de la chasse 8 et 20) est filée tout le long du poème. L'enfant est ainsi une bête traquée 14) par une foule qui tire sur lui à coups de fusil 26) sans permis 21) et qui ne veut pas être bredouille(s) 29). Cette métaphore n'a pas été choisie au hasard, elle permet en effet de caractériser les protagonistes : d'un côté, une meute de bourreaux et de l'autre, une victime innocente. Les honnêtes gens sont en fait des chiens et l'enfant, une bête traquée. [...]
[...] Le vers 31 sous forme interrogative avec inversion sujet/verbe et exclamative à cause du point d'exclamation final révèle l'anxiété du narrateur qui s'interroge et espère dans la seule phrase au futur. Enfin, les paroles rapportées de l'enfant et des poursuivants impliquent le lecteur en le forçant à assister à cette scène odieuse. L'engagement du poète qui se différencie de ses contemporains doit nous faire réagir et nous engager à ses côtés dans le refus de ce système carcéral, semblable à un bagne pour enfants. [...]
[...] Ulcéré, Jacques Prévert écrit d'une traite le poème La Chasse à l'Enfant auquel Joseph Kosma donnera une musique angoissante parfaitement adaptée au drame. Comment le poète a-t-il restitué cette mutinerie qui a donné suite à une campagne de presse mondiale sur la fermeture des bagnes d'enfants? Nous verrons qu'il va nous entraîner dans la traque épouvantable de ses jeunes fugitifs pour dénoncer l'inégalité et l'injustice d'un combat perdu d'avance. I Une traque : aucune échappatoire: Prévert montre que l'enfant pourchassé n'a aucune chance d'échapper à ses poursuivants en rappelant la circularité de l'île par l'adverbe autour et en bouclant son poème, les deux derniers vers renvoyant aux vers 2 et 3. [...]
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