Étude d'un poème de Jacques Prévert intitulé "Familiale", issu du recueil "Paroles". Ce poème qui reste dénonciateur de la guerre et en particulier de la Seconde Guerre Mondiale. Par le biais de la monotonie et du conformisme stigmatisé, Prévert utilise des expressions et des personnages plats pour dénoncer son sujet : la guerre. Ce poème est très original et surtout inattendu.
[...] Puis vient la mort, tout naturellement, tout aussi banale présente en continuité, sans rupture, sans mot de liaison. Seul la négation du vers 8 marque une différence et traduit cette rupture qui est la mort mais rupture pour le fils seulement. Cependant, cette mort introduit un changement dans le quotidien des parents. Une nouvelle activité s'intègre dans les précédentes avec la même banalité, sans la même expression de regret ou de chagrin. Conclusion : Insister sur l'originalité de ce poème qui d'une part choisi l'expression la plus plate, la plus anti-poétique pour dénoncer. [...]
[...] La guerre banalisée : a. L'anomalie. : Parmi les éléments habituels du quotidien : tricot affaire se glisse comme une anomalie mais présentée comme une activité équivalente aux activités quotidiennes : la guerre. Elle est tellement intégrée dans cette routine quelle en devient presque imperceptible. D'abord, elle est indissociable de la vie familiale au même titre que le tricot. Ensuite, elle s'intègre phoniquement dans le poème grâce au jeu d'assonance qui le rapproche des mots père, affaire, mère, faire puis cimetière à la fin de manière très significative. [...]
[...] Une évocation familiale, balane et marquée par le conformisme : a. La monotonie d'une scène familiale : Les personnages sont plats, non caractérisés, insipides, dans relief aux activités, sans intérêts. Cette monotonie, le poète la rend palpable : - Structure répétitive : Répétition de mots, les verbes faire trouver continuer + COD, répétition de vers, de structures semblables : aspect d'une litanie lassante qui reproduit la constante reprise des mêmes actions, des mêmes situations. - Le temps des verbes : Le présent est à la fois une sorte d'arrêt sur image (présent d'actualité) de répétition (habitude) intemporel : l'emploi constant du présent ne permet pas de situer précisément le texte dans une temporalité précise. [...]
[...] Il suggère autre chose que ce qu'il est écrit. Ce conformisme d'autre part transparaît dans l'absence totale de sentiments. Au lieu de sentiments nous avons des jugements plats et insipides comme les actes qu'il évalue (il trouve ça tout naturel), en faite, on ne se pose aucunes questions. Le conformisme transparaît surtout dans les quatre derniers vers du poème qui rassemblent dans un effet d'accumulation les termes même qui le définisse : une vie plate, balane, privée de valeurs, de sentiments et qui ressemble à une acceptation passive et résignée. [...]
[...] Parmi ces poètes, nous trouvons Jacques Prévert à l'écriture puissamment originale. Paroles est parut en 1946, c'est un ensemble de poème jusqu'alors dispersée dans diverses revues. Ce recueil obtient un succès énorme, inhabituel pour la poésie. Ce qui fait son succès c'est ton style oral familier, simple qui le rend accessible à tous. Prévert joue sur tous les registres pour inviter son lecteur à regarder le monde autrement. A côté du Prévert charmant de Pour faire le portrait d'un oiseau existe un Prévert libertaire qui n'hésite pas à s'en prendre à tout ce qui relève de l'ordre établit (famille, armée, justice, politique etc.), sa protestation peut prendre des formes assez inattendues comme dans le poème Familiale écrit en vers libres et qui laisse l'impression d'une monotonie qui en devient quelque peu provocatrice. [...]
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