Jacques Prévert est assez représentatif de la poésie moderne, et ceci par son écriture polémique. Dessinateur, peintre, dramaturge, poète, scénariste, Prévert collectionne les casquettes mais garde un goût marqué pour la poésie. Son recueil Paroles, "l'anagramme de la prose" comme il le nommait, fut publié en 1949 (...)
[...] Ensuite, Prévert est témoin de la relation du couple d'amoureux : nous allons décrire les personnages et leurs caractéristiques chacun à leur tour. Le nom Barbara est choisit au hasard car il ne connaît pas la femme du couple, et il est représentatif de toutes les femmes. Prévert en fait le portrait idyllique par un attelage : Barbara est épanouie psychologiquement ravie et physiquement ruisselante Elle est aussi représentée comme un personnage simple puisqu'elle est heureuse avec son compagnon, la pluie et le porche sous lequel ils s'abritent. [...]
[...] Pour Prévert, le parallélisme du vers 12 montre que leur bonheur est contagieux et partagé par le poète. La vie avant la guerre n'est pas évoquée, il y a seulement un rendez-vous amoureux. Pour finir, ce rendez-vous amoureux témoigne de l'amour passionné qui uni les deux personnages : tu t'es jetée dans ses bras tu as couru vers lui L'anaphore des vers 18-20-22 montre encore l'élan de l'amour. Au vers 19, l'homme appelle sa bien-aimée, et enfin au vers 24 le tutoiement montre que le poète participe à ce rendez-vous même s'il ne les connaît pas comme il le dit au vers 12. [...]
[...] En effet, les vers 40-41 font la métonymie de la guerre : le fer représente les armes, le feu - les déflagrations et les incendies, l'acier - les chars et le sang - les massacres humains. Il y a aussi une notion de fatalité puisque la pluie tombe sur les hommes. De plus, la pluie de deuil évoquée au vers 49 nous ramène encore et toujours à cette pluie destructrice qui vient bousculer la situation initiale. La pluie sage et heureuse se transforme en orage et le parallélisme des vers 41-51 montre qu'elle revient constamment accabler Brest de souffrance. [...]
[...] Prévert joue sur un effet de miroir en diptyque entre le temps de la paix et celui de la guerre. Dans la première partie, tout semble parfait, presque stéréotypé ; l'amour, le bonheur, la paix tandis que dans la deuxième partie, la dénonciation de la guerre se fait comme dans son autre poème familiale : de façon violente et impartiale. Texte étudié : Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante Épanouie ravie ruisselante 5 Sous la pluie Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais 10 Et moi je souriais de même Rappelle-toi Barbara Toi que je ne connaissais pas Toi qui ne me connaissais pas Rappelle-toi 15 Rappelle-toi quand même ce jour-là N'oublie pas Un homme sous un porche s'abritait Et il a crié ton nom Barbara 20 Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie Et tu t'es jetée dans ses bras Rappelle-toi cela Barbara Et ne m'en veux pas si je te tutoie 25 Je dis tu à tous ce que j'aime Même si je ne les ai vus qu'une seule fois Je dis tu à tous ceux qui s'aiment Même si je ne les connais pas Rappelle-toi Barbara 30 N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse Cette pluie sur la mer 35 Sur l'arsenal Sur le bateau d'Ouessant Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant 40 Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant 45 Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé C'est une pluie de deuil terrible et désolée 50 Ce n'est même plus l'orage De fer d'acier de sang Tout simplement des nuages Qui crèvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent 55 Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin très loin de Brest Dont il ne reste rien. [...]
[...] Son recueil Paroles, l'anagramme de la prose comme il le nommait, fut publié en 1949. Il est son plus connu car il aborde de nombreux thèmes polémiques par différentes formes et différents tons. L'extrait dont nous allons parler s'intitule Barbara l'un de ses poèmes les plus célèbres. Nous allons nous attacher à expliquer en quoi ce poème exprime une dénonciation poétique de la guerre, en regardant tout d'abord les allusions poétiques au bonheur et à la paix, puis la description poétique de la guerre. [...]
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