La préciosité : Le règne du bon ou du mauvais goût ?

Thèmes abordés

Préciosité, évolution de la préciosité, doctrine précieuse, littérature précieuse, bon goût, mauvais goût

Résumé du document

Quand Molière, en bon classique, prônera l'idéal de « l'honnête homme », il sera tributaire du courant précieux dont il s'est pourtant moqué dans Les Précieuses ridi­cules : c'est qu'il faut se garder de confondre la préciosité et sa déformation, la préciosité ridicule.

Extraits

[...] Mlle de Scudéry (1607-1701) est l'auteur le plus connu de romans très longuement développés. Le Grand Cyrus et Clélie (qui contient la carte du Tendre) où elle travestit la société de son temps. IV-Influence de la préciosité Si l'on débarrasse la préciosité des formes excessives qu'elle a prises, on doit reconnaître qu'elle a affiné le goût, le langage (tout en l'enrichissant de métaphores qui parfois ont survécu), développé le goût de l'analyse psychologique et répandu l'idéal de l'honnête homme. Je bénis mon martyre et, content de mourir. Je n'ose murmurer contre sa tyrannie. [...]

[...] Guez de Balzac (1595-1654), retiré en Charente, entretient une correspondance considérable qui vaut moins par l'esprit que par la fermeté du style. Les romans, généralement d'une longueur démesurée, ont et auront longtemps un public passionné. L'Astrée de Honoré d 'Urfé (1567-1625) est un roman pastoral qui raconte les aventures galantes de Céladon et d'Astrée au bord du Lignon. Le récit est invraisemblable, illogique même parfois, mais les personnages représentent, avec finesse, les différentes formes de l'amour dont l'auteur se forme finalement une conception presque mystique qui eut un grand retentissement sur l 'idéal précieux. [...]

[...] La préciosité
Le règne du bon ou du mauvais goût ? Quand Molière, en bon classique, prônera l'idéal de l'honnête homme il sera tributaire du courant précieux dont il s'est pourtant moqué dans Les Précieuses ridicules : c'est qu'il faut se garder de confondre la préciosité et sa déformation, la préciosité ridicule. I-L'évolution de la préciosité La préciosité est sans doute une tendance permanente de notre esprit (Giraudoux ou Le Roman de la Rose) et, historiquement, un phénomène européen au début du XVIIe siècle (euphuisme en Angleterre, gongorisme en Espagne, marinisme en Italie). [...]

[...] La mort de Voiture, le mariage de Julie, la Fronde amènent le déclin du salon jusqu'à la mort de l'incomparable Arthénice (anagramme du prénom de la marquise, Catherine) en La divulgation de la préciosité (1648-1680) : les salons se multiplient (le plus remarquable est celui de Mlle de Scudéry, plus littéraire et moins mondain que celui de la marquise de Rambouillet) ; bientôt, chaque femme veut avoir le sien : c'est le mystère des ruelles Chacun cherche à briller par le costume extravagant, par les manières affectées, par la subtilité excessive, par l'engouement pour la science. Quand Molière arrive à Paris, en 1658, c 'est la pleine période de la préciosité ridicule. [...]

[...] La préciosité reprend ces différents points sous des formes excessives. III-La littérature précieuse Ce climat était favorable à l'éclosion de toute une littérature La langue se caractérise : - par la singularité (néologisme), l'enflure, le souci de pureté et de précision du vocabulaire par le goût des figures de style : périphrases ou métaphores ingénieuses, parfois sibyllines; hyperboles outrées; pointes, antithèses, alliances de mots ou rapproche ments inattendus ; prédilection pour les mots et les tours abstraits Les genres sont nombreux : Poésie : genres galants (sonnet, madrigal, énigme, etc.) dont les auteurs les plus appréciés sont Voiture (1597-1648), Malleville (dont les sonnets sur le thème de la Belle Matineuse rivalisèrent avec celui de Voiture). [...]