Commentaire composé en 3 parties sur le poème "Les Ponts" de Rimbaud, extrait de Les Illuminations.
[...] Le poète fait ainsi se répondre l'univers visuel et l'univers sonore. Si la musique est donnée à entendre, Rimbaud semble aussi la donner à voir : les termes qu'il emploie au cours de ce poème font en effet apparaître l'image d'une partition, qui se dessine dès la première ligne, prenant l'allure d'un bizarre dessin La description ressemble alors à une portée, le texte faisant allusion aux mâts parapets termes qui remplissent le rôle de barres de mesures. En précisant que ces figures se renouve[llent] le poème rend ainsi compte de l'évolution du discours musical : les images du poème, qui évoluent de métamorphose en métamorphose, pourraient s'apparenter en ce sens aux thèmes d'une œuvre musicale, qui dans certains cas connaissent de nombreuses variations. [...]
[...] Rimbaud, en effet, semble guidé par la féerie : si, au début, il ne paraît percevoir que des visions, ses autres sens s'éveillent progressivement. Le poème lui ouvre le domaine du rêve, de l'imagination où les sens se trouvent mêlés. Dans ce poème, milieux, époques, traditions se confondent en un concert indistinct. Au tableau visuel et sonore s'ajoute également un tableau humain, peuplé de silhouettes : la mystérieuse veste rouge, sur laquelle viennent se concentrer tous les regards, introduit peu à peu tout ce qui relève de l'univers festif. [...]
[...] Rimbaud lui donne en effet l'impression d'assister à la description de ce bizarre dessin de ponts composé de figures géométriques pour la plupart puisqu'il s'agit de courbes, d'obliques, de droites et d'angles. Les lignes horizontales, verticales se retrouvent particulièrement valorisées par le choix des termes canal mâts longs Ce graphisme aérien et mouvant de lignes qui se croisent, s'arrondissent, ou s'effilent, dans des tonalités de gris trouées de passages lumineux, occupe ainsi le centre du tableau. Ici, les verticales, les horizontales, les diagonales, les courbes se mêlent, construisant une réalité qui combine les points de vue ou les angles de vision comme le feront plus tard les cubistes. [...]
[...] Le poème, qui se présentait comme un tableau quelque peu figé, va progressivement s'animer. L'apparente précision de la description du tableau présentée par le poète se révèle en fait être une feinte, et se désigne elle-même comme interprétation. PARTIE II La scène décrite ici dépasse largement le cadre du tableau : les objets représentés ne sont pas fixes. Rimbaud ne nous offre pas une image figée mais mobile, animée de façon fugitive, la vision devenant ainsi peu à peu imagination. [...]
[...] Des ciels gris de cristal, au début ; L'eau ( ) grise et bleue à la fin Il cherche également à rendre compte des impressions de lumière et de transparence, au moyen des termes cristal circuits éclairés et enfin rayon blanc Le poème naît ainsi de cette nuance grise, terne, qui met en évidence des ciels brouillés qui ne sont pas sans rappeler les paysages anglais, souvent plongés dans le brouillard. La première phrase donne la tonalité, brume qui noie tant de tableaux de Monet, de Sisley. L'œuvre peut en ce sens se rapprocher également de celle de Turner intitulée Lyons dans laquelle ce grand paysagiste anglais accorde une importance particulière au ciel et à l'eau. Ainsi, se rejoignant par la couleur, l'eau et le ciel se confondent, pour former un fond, qui se déploie dans cet espace visuel. [...]
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