Alors que le pain est une "chose" de notre vie quotidienne à laquelle on ne fait plus attention, Ponge le décrit de la même manière que s'il s'agissait de la première fois qu'il en voyait un. Aussi l'objet de la description est qualifié par de nombreux adjectifs précisés par des adverbes : "merveilleuse" (l. 1), "panoramique" (l. 2), "amorphe" (l. 4), "articulés" (l. 6), "minces" (l. 6), "ignoble" (l. 8), "lâche", "froid" (l.9), "soudées" (l.10), "friable" (l. 12). La minutie de cette description est renforcée par des comparaisons (...)
[...] La minutie de cette description est renforcée par des comparaisons: d'une part la mie a son tissu pareil à celui des éponges comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois aux lignes et 11; d'autre part regarder du pain est comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes et 3). A propos de cette dernière comparaison, l'examen du pain est tellement précis que Ponge y voit le monde entier, dans un grand panorama. De plus, la description se fait de l'éclatement au resserrement. En effet le premier paragraphe reste une vision éloignée, panoramique (l. [...]
[...] du monde entier, des Alpes (l. jusqu'à la Cordillère des Andes (l.3). Puis, le pain est regardé de plus près, à la loupe et l'on aperçoit dorénavant vallées, crêtes, ondulations, crevasses . (l. ce qui est du vocabulaire géographique. Finalement dans le troisième paragraphe la croûte est éclatée et l'on aperçoit la mie (l. assimilée au sous-sol terrestre. Cette idée d'éclatement est ensuite renforcée avec l'expression brisons- la à la ligne 13. Mais bien sûr, tout ce que l'auteur nous décrit, montagnes, vallées, crevasses n'est qu'imagination de sa part. [...]
[...] C'est ce que fait Francis Ponge, auteur du XXème siècle, dans son recueil Le Parti pris des choses, paru en 1942. Le poème en prose Le pain description en quatre courts paragraphes imagés, magnifie un aliment commun et le charge de significations. L'observateur, en effet, y manifeste sa fascination, mais il joue aussi sur le langage afin de lui conférer la dimension d'un véritable symbole. Le regard fasciné de l'auteur s'exprime par la précision de la description ainsi que par une invitation à la rêverie. [...]
[...] En effet, pendant toute une époque, il s'agissait de la seule chose que l'on mangeait, à tous les repas pour pouvoir vivre . Grâce à tout cela, l'auteur donne une vraie symbolique à cette chose du quotidien qu'est le pain: et quel symbole que celui de la vie ! En conclusion, même s'il s'agit d'un texte en prose et non en vers, Francis Ponge provoque ici une extraordinaire invitation au rêve, et associe un symbole fort à un des objets les plus prosaïque de la vie. [...]
[...] La progression chronologique est marquée par le passage du passé simple au passé composé. Ce n'est que l'explication de la fabrication du pain, mais que Ponge met en scène avec poésie grâce notamment aux métaphores. Dès le départ, le destin, la mort du pain est indiqué: inscrit dans les étoiles du four stellaire le pain est pour nous (l. 4). Ce sacrifice est repris dans le dernier paragraphe où le poète nous dit que le pain doit finalement être dans notre bouche (l. pour être mangé. [...]
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