Tout d'abord, une distinction est à opérer entre d'une part l'école littéraire symboliste (couvrant une période qui va de la rédaction du manifeste du symbolisme de Jean Moréas en 1886 jusqu'au milieu des années 1890) et d'autre part un vaste mouvement qui va se développer dans tous les arts (que ce soit en musique avec Ravel, Debussy et Fauré ; en peinture avec Moreau, Gauguin et Münch ; au théâtre, notamment avec Maeterlinck).
Afin d'appréhender le phénomène symboliste, trois modalités de lecture sont possibles. Tout d'abord une lecture de l'histoire : le symbolisme s'insère en effet dans un processus de réaction contre les présupposés artistiques des courants littéraires dominants qui le précèdent (que ce soit le mouvement parnassien ou naturaliste). Une lecture de l'imaginaire est également envisageable. En effet, une époque est perpétuellement baignée par un vaste champ de savoirs qui imprègnent dans une période tout un imaginaire collectif (...)
[...] En effet, tout en rejetant l'emploi du vers libre, il subvertit de l'intérieur du vers les normes du dénombrement syllabique. Ce n'est plus alors la métrique traditionnelle qui oriente le rythme du vers mais les accentuations qui opèrent dans celui-ci. Le procédé de suggestion tout musical du poème ne dépend plus alors de l'emploi d'opérations visant à détruire formellement la métrique classique mais par l'utilisation de moyens ambitionnant de contraindre en interne le vers à suivre un rythme singulier. Enfin, Laforgue emprunte à la fois aux recherches de Rimbaud et de Verlaine. [...]
[...] Le symbolisme est avant tout un acte de rupture avec l'académisme et les traditions qui le précèdent. La liberté est une notion centrale et elle se retrouve au cœur même du processus d'écriture (notamment dans les recherches formelles sur le vers libre). Si des courants antérieurs, comme le Parnasse, se réclamaient d'un art de la représentation, privilégiant par analogie la peinture, c'est le phénomène de suggestion qui se trouve au cœur de l'esthétique symboliste, et ce n'est plus la peinture qui est prise pour modèle mais la musique. [...]
[...] Le mythe : phénomène constitutif de l'imaginaire symboliste Enjeux théoriques sur les valeurs du mythe Le recours au mythe est l'un des traits les plus constants de l'imaginaire symboliste. Toutefois, au sein des productions artistiques de la seconde moitié du XIXème siècle, ce sont deux lectures antagonistes du mythe qui s'affrontent. Une première orientation que l'on peut qualifier d'idéaliste, symbolisée par les théories wagnériennes, conjecture que les mythes sont les dépositaires d'un inconscient collectif (avec les écueils nationalistes et pangermanistes que recouvre cette notion chez le compositeur du Tannhäuser). [...]
[...] L'abandon de la relation Monde-Moi-Mots propre aux conceptions romantiques du symbole, se trouve également matérialisé dans les créations poétiques de Rimbaud. Celui-ci, substitue à une conception du poète comme révélateur des mystères ontologiques une liberté totale quant à la création d'un univers absolument singulier au sein du poème, relevant du seul arbitraire de l'individu. Le poète se fait alors "voyant" par une immense désorganisation à la fois des principes logiques de la signification et dans l'approche sensible du monde. Le poème "Voyelle" symbolise parfaitement cette volonté de dépassement des principes esthétiques antérieurs. [...]
[...] Le signifiant n'est dès lors plus lié à un signifié mais se suffit à lui-même. Un infini des possibles quand au traitement du langage poétique est alors potentiellement en germe dans ces procédés. Ce nouveau rapport au langage permet dès lors toutes les expérimentations sur le signifiant autonomisé, expérimentations qui trouveront leur aboutissement cinquante ans plus tard, dans les procédés d'écritures automatiques des surréalistes. Mallarmé et la poésie comme cosmologie La crise du symbole que traverse la seconde moitié du XIXème siècle peut s'interpréter comme une restructuration de la relation que le poète entretient avec son propre décodage de l'univers (c'est-à-dire dans son rapport au Signe). [...]
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