La poésie Hugues Marchal 2012, langage humain, lyrisme, Pierre de Marbeuf, Primo Levi, Aristote, Paul Valéry, Musset, Ovide, Lamartine, Mallarmé, Yves Bonnefoy, Rimbaud, musicalité, pensée abstraite, poète magicien, approche romantique
En 1887, Mallarmé répond à une enquête sur la poésie : "C'est un coup de point dont la vue, un instant, éblouit, que votre injonction brusque". "Définissez la poésie [...] Je balbutie, meurtri : "la poésie est l'expression par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence : elle dote ainsi d'authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle." Tenter de définir la poésie, c'est donc vouloir lui assigner une limite : or cela risque de constituer un acte de violence, en excluant forcément une partie de ce qui se nomme déjà ailleurs poésie.
[...] / Et la mer est amère, et l'amour est amer, / L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, / Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. » Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny (1871) : Rimbaud reprend le thème traditionnel du poète-mage pour lui redonner toute sa force imaginaire. Il n'est pas question d'attendre passivement le don de l'inspiration, mais, « voleur de feu » comme Prométhée, de « se faire voyant ». « Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. [...]
[...] Le poète magicien : Une longue tradition rapproche poète et magicien. - Pour Baudelaire, « il y a dans le mot, dans le verbe, quelque chose de sacré ( ) ». - Mallarmé donnait « l'impression de ce qu'il y eut de plus puissant dans la poésie originelle : la formule magique ». Comme si son pouvoir sur les mots s'étendait aux réalités qu'ils nomment, et comme si sa capacité à ébranler ses auditeurs fléchissait l'ensemble de la création, le poète semble pouvoir modifier l'ordre du monde. [...]
[...] Elle ne va nulle part. Que si elle poursuit quelque objet, ce n'est qu'un objet idéal, un état, un ravissement, un fantôme de fleur, un extrême de vie, un sourire ( » Contre les expériences surréalistes d'abandon de la composition au rêve et au hasard, il estime que le gage de réussite du poème est son aptitude à produire un certain « état poétique » sur le lecteur, non le fait que son auteur ressente lui-même un ébranlement. Pierre de Marbeuf, Recueil des vers (1628) : Comme le montrent les difficultés éprouvées par Primo Levi pour traduire Dante, la force d'un poème suppose difficilement la transposition d'une langue à l'autre. [...]
[...] Il cherche à plaire (miel) pour instruire (amer breuvage). « Les médecins, quand ils veulent faire prendre aux enfants l'absinthe amère, commencent par dorer d'un miel blond et sucré les bords de la coupe ; ainsi le jeune âge imprévoyant, ses lèvres trompées par la douceur, avale en même temps l'amer breuvage et, dupé pour son bien, recouvre force et santé. Ainsi, moi-même aujourd'hui, sachant que notre doctrine est trop amère à qui ne l'a point pratiquée ( j'ai voulu te l'exposer dans le doux langage des Muses, et pour ainsi dire, l'imprégner de leur miel : heureux si je pouvais, tenant ainsi ton esprit sous le charme de mes vers, te faire pénétrer tous les secrets de la nature et jusqu'aux lois selon lesquelles la nature est formée. [...]
[...] » ( Poésie et émotion personnelle restent étroitement liées. Le poète demeure, comme le constate Michel Collot, le manieur d'une « matière- émotion ». Pierre Reverdy : « Le propre du poète est de penser et de se penser en images » (« La fonction poétique ») : importance des métaphores dans le genre poétique. Saint-John-Perse : « Poète est celui-là qui rompt pour nous l'accoutumance » (Poésie, 1960). Lamartine, préface aux Méditations poétiques (1849) : Préface autobiographique écrite 30 ans après la parution du recueil (1820). [...]
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