Apollinaire [1880-1918] n'invente pas le calligramme, poème dont les vers sont assemblés de manière à dessiner un objet : on en trouve en effet des exemples dans l'antiquité grecque et chez Rabelais par exemple.
Mais Apollinaire en systématise l'utilisation dans son recueil intitulé Calligrammes et il forge le terme même de calligramme, mot-valise inventé à partir de la contraction de « calligraphie » (l'art de bien former les caractères d'écriture) et d'idéogramme (symbole graphique représentant un mot ou une idée : cf. les Égyptiens ou les Chinois). Etymologiquement, donc, un « calligramme » signifie « une belle lettre », « une belle écriture » (...)
[...] Ces artifices peuvent aller très loin encore et consommer la synthèse des arts, de la musique, de la peinture et de la littérature. PLAN DE COMMENTAIRE I. Un calligramme double aux multiples lectures possibles A. Deux objets bourgeois : la cravate et la montre B. Autre interprétation éventuelle : deux objets guerriers (une grenade et un homme sans tête) C. Les différents sens de lecture possibles (de haut en bas, de gauche à droite ; les diverses interprétations des devinettes ; l'ambiguïté de la maxime à droite de la montre) II. Un calligramme qui établit un constat tragique A. [...]
[...] ; lecture optimiste) 3 La beauté de la vie, passe la douleur de mourir. (sens optimiste). La beauté de la vie passe, (reste) la douleur de mourir. (sens chronologique avec un constat tragique : cf. les aiguilles). Enfin, même si le titre induit la manière principale de lire les deux objets dessinés (une cravate avec ses deux pans et une montre à gousset), rien n'interdit totalement le lecteur d'y voir, suivant sa fantaisie, d'autres objets et dans le contexte de la guerre, le premier objet peut s'apparenter à une grenade (dont l'emploi est justement devenu fréquent pendant la Première Guerre mondiale) et le second à un homme sans tête (précisément à cause de l'explosion d'une grenade ou d'une bombe Cf. [...]
[...] Sur l'ensemble de la montre, on note aussi deux réseaux lexicaux dominants : celui de l'amour (plutôt dans les premières heures) et celui de la mort (davantage présent à mesure que les dernières heures approchent), en une sorte d'allégorie de la vie. Le terme mourir est aussi le dernier qui forme le cadran sur la droite de la montre. Les aiguilles qui indiquent en effet midi ou minuit moins cinq minutes suggèrent elles aussi l'imminence de la fin (du jour, ou de manière allégorique de la vie). Il y a là une variation sur le proverbe latin : Omnes vulnerant, ultima necat. [...]
[...] Apollinaire traite donc un sujet grave, mais le transcende sur un mode à la fois ludique, humoristique, érotique et artistique Quel(s) sens peut-on trouver au rapprochement de ces deux objets ? Pourquoi Apollinaire les place-t-il l'un à côté de l'autre ? a. Ces deux objets peuvent être rapprochés en ceci qu'ils sont d'abord tous les deux des objets du quotidien, du monde du travail et du costume bourgeois du début du XXème siècle, date de l'écriture du poème. Cf. les deux propositions relatives que tu portes et qui t'orne qui évoquent la cravate comme un objet d'apparat, d'ornement. [...]
[...] C'est au sein de la première des six sections de ce recueil, laquelle est intitulée Ondes que l'on trouve le calligramme La cravate et la montre QUESTIONS 1. Comment lire ce poème ? Le problème du sens de lecture est ainsi posé : doit-on commencer par la cravate ou la montre ? Voici les raisons qui plaident en faveur d'une lecture commençant par la cravate : le titre invite à commencer par la cravate la lecture se fait de haut en bas l'usage des capitales met la cravate en relief. [...]
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