Victor Hugo a fait un triste constat lorsqu'il contempla le monde en 1856. Sa tristesse serait plus grande aujourd'hui s'il devait constater que ses vers sont toujours d'actualités. Son poème ne semble pas avoir suffi à alerter le monde ! Mesdames et Messieurs, les jurés si je suis face à vous aujourd'hui, c'est parce que je possède la chance d'être dans un pays prônant la liberté d'expression et je ne me ferai pas assassiner pour le simple fait d'avoir évoqué la vérité. Si nous étions dans un vrai tribunal, j'appellerais à la barre Iqbal Masih, un jeune Pakistanais, afin qu'il puisse s'exprimer librement. Vendu par ses propres parents à 4 ans, afin de rembourser leur dette, il a été assassiné en 1995 pour le simple fait d'avoir témoigné devant les Nations Unies.
J'estime que le monde de l'enfance est celui de tous les rêves et de tous les espoirs. Bien qu'il existe certaines différences, un même droit rassemble tous les enfants du monde : le droit de vivre. Il était par ailleurs convenu suite à la Déclaration des droits de l'homme et par la convention des droits de l'enfant que chacun ait le droit d'être protégé, éduqué, soigné et aimé. Je cite : « Les hommes naissent et demeurent tous libres et égaux en droit. » Alors d'où proviennent donc non pas ces milliers, mais ces millions de cris de détresse ? 61 % proviennent d'Asie, 32 % d'Afrique et 7 % d'Amérique latine. 211 millions d'enfants travailleurs âgés de 5 à 14 ans. 28 millions travaillant dans d'atroces conditions. Sans oublier les 2,5 millions d'enfants provenant de pays riches.
[...] Dites-vous que pour la plupart, ces tunnels s'avèrent être le tunnel de la mort, que pour la plupart ces mines deviennent leur tombe. Dites-moi, souffrez-vous d'un cancer des poumons à seulement 8ans parce que vous avez fabriqué des jeans Lévis pour ces dames de la Jet7 ? Eux se saignent pour survivre, et cela en silence. Il nous arrive souvent de nous plaindre, nous le faisons continuellement, mais au fond, qui a déjà souffert ce qu'ils ont souffert ? Certes, certains d'entre vous diront qu'ils ont travaillé pendant la guerre. Oui, vous étiez enfants, oui c'était difficile, mais c'était la guerre. [...]
[...] Je vous propose de faire un voyage. Je veux vous emmener rencontrer cette petite Cheng âgée de 6 ans. Pour la rencontrer, il faudra vous lever tôt, car Cheng se lève chaque jour avant l'aube pour se rendre à pied, non pas à l'école, mais à l'usine. Enfin pas une usine comme nous en croisons chez nous. L'usine dans le pays de Cheng, c'est une petite pièce qui n'est pas aérée, pas chauffée et très peu éclairée. Cheng s'assoit au côté d'autres enfants avec qui elle n'aura pas le temps d'échanger un sourire, une parole, de partager un repas. [...]
[...] Bien sûr que non. Ils ne doivent pas non plus vivre, mais survivre. Survivre loin de leur famille en sacrifiant leur vie au travail dans l'unique but de gagner un petit morceau de pain . Est-ce normal tout en prenant en compte le taux de chômage au niveau mondial de continuer à exploiter ces enfants ? Qu'en est-il de la Déclaration des droits de l'homme ? Qu'en est-il de la convention des droits de l'enfant ? Certes j'ai posé de nombreuses questions et je continuerai d'en poser tant qu'on ne m'aura pas donné de réponse, à moi, mais surtout à tous ces enfants, toutes ces victimes innocentes. [...]
[...] Et enfin je vous demande d'être très attentif aux quelques phrases déclarées par Gabriela Azurdy, une Bolivienne âgée de 13 ans en 2002 dans l'enceinte de l'ONU Nous sommes les victimes des exploitations et des abus de tout genre, nous sommes les enfants de la rue, nous sommes les enfants de la guerre, nous sommes les orphelins du sida, nous sommes les victimes, et nos voix ne sont pas entendues. Il faut que tout cela cesse ! Nous voulons un monde digne de nous Vous êtes-vous déjà demandé "Et s'il s'agissait de mes enfants ? De mes frères ? De mes sœurs . et si c'était moi ? Essayer d'imaginer votre enfant se faire battre, se faire violer, crier, pleurer, saigner, supplier. Le laisseriez-vous dans de telles conditions ? Permettez-moi d'en douter. [...]
[...] En essayant de voir leur si triste visage d'ange, noirci par le charbon des mines. En essayant de voir tous ces enfants le visage plein de sang. Oui, tout ce sang qu'ils sont en train de verser, là, maintenant, tout de suite, à ce moment précis, pour nous permettre de nous offrir des cadeaux à Noël. Je vous demande quelques secondes de silence. (Silence ) Écoutez *doucement* Écoutez *un peu plus fort* Vous ne les entendez pas Moi oui *CLAQUEMENT DE DOIGT* un enfant vient de décéder. *CLAQUEMENT DE DOIGT* et un autre . [...]
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