Le texte étudié est tiré du dernier chapitre de Pierre et Jean, écrit par Guy de Maupassant en 1888. Ce roman narre la rivalité entre deux frères inégaux face à un héritage. L'extrait évoque le départ de Pierre à bord du bateau La Lorraine, alors qu'il fuit sa famille, poussé par Jean et sa mère. Les intérêts de ce texte relatant l'errance de Pierre sur le navire, peuvent être analysés selon trois axes. Dans un premier temps, il est question de l'aspect psychologique, puis dans un second temps, de l'aspect sociologique et enfin, dans un troisième temps, de l'aspect esthétique développés dans l'extrait.
(...) A l'opposé et à travers le personnage de Pierre, Maupassant donne une image particulière de l'émigration, qui était un phénomène important au XIXe s. Les émigrants apparaissent comme des animaux ("troupeaux", "femelles"). Deux sens sont utilisés pour la description des "malheureux", l'odorat et la vue. En effet, l'auteur insiste sur l'odeur perçue par Pierre lorsqu'il descend dans l'entrepont. La sensation olfactive prime car il fait sombre. Les pauvres seraient malpropres, d'où les fortes odeurs ("nauséabonde", "puanteur", "écoeurante") qui se dégagent du souterrain. La notion de dégoût est prépondérante, Maupassant use de termes forts tels que "grouillant" ou "tas", appuyant ainsi sur la répugnance de Pierre face à cette masse indistincte de migrants, dont il "ne distinguait point les visages". La sensation visuelle est également très présente, il fait sombre ("souterrain obscur et bas"), le narrateur ne parvient pas à définir le lieu où se trouvent les migrants. Il fait des comparaisons avec le monde minier : "pareil aux galeries des mines", insistant ainsi sur l'obscurité régnante. Maupassant souligne la forte quantité de malheureux avec l'accumulation "des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants" (...)
[...] Maupassant effectue par ailleurs une identification implicite entre les émigrants et Pierre. Ce dernier est comme les émigrants, un personnage de la désillusion. Les efforts vains de Pierre, comme ceux des malheureux sont accentués par l'accumulation Et songeant au travail passé, au travail perdu, aux efforts stériles, à la lutte acharnée, reprise chaque jour en vain, à l'énergie dépensée Comme Pierre, les émigrants fuient dans l'espoir d'une vie meilleure, mais sans garantie d'atteindre leur but : qui allaient recommencer encore ( ) cette existence d'abominable misère L'extrait s'achève d'ailleurs sur une pensée négative, une incitation au suicide de la part de Pierre souhaitant leur crier : Mais foutez-vous donc à l'eau avec vos femelles et vos petits ! [...]
[...] Ainsi, cet extrait permet de percevoir les tourments de Pierre au moment de son départ sur La Lorraine. La scène est également l'occasion pour Maupassant de fournir une vision sociologique de son époque. Dans un second temps, l'auteur dépeint avec réalisme les classes sociales de l'époque. En effet, le bateau apparaît comme un microcosme. Les personnes qui évoluent sur le navire offrent un regard de Maupassant sur la réalité sociale française et européenne tous les continents à la fin du XIXe s. [...]
[...] Maupassant offre également une vision forte des classes sociales du XIXe s. Si la seconde classe est à peine évoquée, les plus pauvres et les plus riches sont décrits avec force de contrastes. Le luxe et le confort s'opposent à la misère et à l'épuisement. Le portrait des émigrants apparaît d'ailleurs comme une réminiscence des Misérables de V. Hugo. Extrait étudié : Alors il erra sur le navire au milieu de ces gens affairés, inquiets, cherchant leurs cabines, s'appelant, se questionnant et se répondant au hasard, dans l'effarement du voyage commencé. [...]
[...] En effet, l'auteur insiste sur l'odeur perçue par Pierre lorsqu'il descend dans l'entrepont. La sensation olfactive prime car il fait sombre. Les pauvres seraient malpropres, d'où les fortes odeurs nauséabonde puanteur écœurante qui se dégagent du souterrain. La notion de dégoût est prépondérante, Maupassant use de termes forts tels que grouillant ou tas appuyant ainsi sur la répugnance de Pierre face à cette masse indistincte de migrants, dont il ne distinguait point les visages La sensation visuelle est également très présente, il fait sombre souterrain obscur et bas le narrateur ne parvient pas à définir le lieu où se trouvent les migrants. [...]
[...] Maupassant utilise de nombreuses images, métaphores et comparaisons tout au long du texte. Il compare le lieu où sont entreposés les immigrants à des galeries de mines pareil aux galeries des mines ce qui n'est pas sans rappeler le roman Germinal d'E. Zola. Lorsqu'il évoque l'odeur du lieu, il effectue une comparaison qui place ces hommes et ces femmes plus bas que des animaux : plus écœurante que celle du poil ou de la laine des bêtes Par une métaphore, Maupassant associe même ces malheureux à des insectes ou des vers grouillant par tas sur le sol Les mots choisis sont durs, choquant et permettent à l'auteur de dénoncer la vision qu'avaient les riches des classes les plus pauvres. [...]
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