Maupassant, "Pierre et Jean", Chapitre 1 : Le thé, après l'annonce de l'héritage

Carole b.

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Maupassant, "Pierre et Jean", Chapitre 1 : Le thé, après l'annonce de l'héritage

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Le quatrième roman de Maupassant, Pierre et Jean, a été édité en 1888. Ce récit, qui oscille entre réalisme et naturalisme, narre l'histoire d'une famille bourgeoise ébranlée par un conflit d'héritage. Issu du premier chapitre du roman, l'extrait étudié succède à un élément capital pour l'intrigue. En effet, Jean apprend qu'il hérite seul d'une grosse somme d'argent de la part de Mr Maréchal, l'ancien ami de la famille Roland. Maître Lecanu, le notaire, vient d'apporter la nouvelle à l'ensemble de la famille. La scène analysée décrit l'ambiance qui fait suite à l'annonce, alors qu'ils vont boire le thé, dans une atmosphère tendue. A ce moment clé du récit, dans quelle mesure cet extrait descriptif marque-t-il une pause et quel est son intérêt ? (...)

Sommaire

Introduction

I) Un extrait qui marque un pause dans le récit
II) Une peinture réaliste d'un milieu social et familial

Conclusion

Extrait étudié

(...) La bonne appelée apporta d'abord des gâteaux secs en de profondes boîtes de fer-blanc, ces fades et cassantes pâtisseries anglaises qui semblent cuites pour des becs de perroquet et soudées en des caisses de métal pour des voyages autour du monde. Elle alla chercher ensuite des serviettes grises, pliées en petits carrés, ces serviettes à thé qu'on ne lave jamais dans les familles besogneuses. Elle revint une troisième fois avec le sucrier et les tasses; puis elle ressortit pour faire chauffer l'eau. Alors on attendit.

Personne ne pouvait parler; on avait trop à penser, et rien à dire. Seule Mme Roland cherchait des phrases banales. Elle raconta la partie de pêche, fit l'éloge de la Perle et de Mme Rosémilly.

- Charmante, charmante, répétait le notaire.

Roland, les reins appuyés au marbre de la cheminée, comme en hiver, quand le feu brûle, les mains dans ses poches et les lèvres remuantes comme pour siffler, ne pouvait plus tenir en place, torturé du désir impérieux de laisser sortir toute sa joie.

Les deux frères, en deux fauteuils pareils, les jambes croisées de la même façon, à droite et à gauche du guéridon central, regardaient fixement devant eux, en des attitudes semblables, pleines d'expressions différentes (...)

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Extraits

[...] Les deux frères sont décrits avec une insistance sur la binarité et le parallélisme, deux frères deux fauteuils pareils même façon à droite et à gauche On relève une symétrie par rapport au guéridon, de part et d'autre duquel ils se tiennent en attitude hiératique, regardant fixement devant eux L'antithèse en des attitudes semblables pleines d'expressions différentes révèle qu'ils ont le même aspect physique, mais des sentiments et expressions différents, opposés. Cet extrait offre ainsi des éléments clé pour comprendre les protagonistes et leurs relations familiales et sociales. [...]

[...] Pierre et Jean - Maupassant Commentaire composé d'un extrait du chapitre 1 De la bonne appelée à pleines d'expressions différentes Le quatrième roman de Maupassant, Pierre et Jean, a été édité en 1888. Ce récit, qui oscille entre réalisme et naturalisme, narre l'histoire d'une famille bourgeoise ébranlée par un conflit d'héritage. Issu du premier chapitre du roman, l'extrait étudié succède à un élément capital pour l'intrigue. En effet, Jean apprend qu'il hérite seul d'une grosse somme d'argent de la part de Mr Maréchal, l'ancien ami de la famille Roland. [...]

[...] Malgré l'absence d'action, cet extrait de Pierre et Jean est riche. En décrivant l'attitude des personnages et l'atmosphère environnante, Maupassant donne à la scène une épaisseur psychologique. La scène marque une pause dans le récit, mais elle est également un pivot dans l'action : l'intrigue est dorénavant en place. Maupassant a porté un grand intérêt au langage des corps, notamment pour les deux frères, en opposition physique et mentale. [...]

[...] Il incite également à lire la suite car il offre une atmosphère d'attente, de suspens. Si l'extrait marque une pause dans le récit, il offre par ailleurs, de manière tacite, une vision de la cellule familiale dans laquelle Maupassant fait évoluer ses personnages. Dans un second temps, cet extrait offre implicitement une peinture réaliste d'un milieu social et familial. Les personnages apparaissent ici comme une famille de petits bourgeois de province, attirés par l'argent dans la mesure où ils se réjouissent à l'annonce de l'héritage : Roland . [...]

[...] La première partie s'attardera sur l'aspect suspensif de la scène. Puis, la seconde partie montrera qu'implicitement, l'auteur offre une vision réaliste de milieu social et familial dans lequel évoluent Pierre et Jean. Dans un premier temps, cet extrait marque clairement une pause dans le récit et met en attente le lecteur. Il se situe immédiatement après l'élément perturbateur du roman, lorsque l'héritage de Jean vient d'être annoncé. Ce texte descriptif semble banal mais il cache des éléments importants. Rien ne se passe rien, sauf le va-et-vient de la bonne qui comble le vide par sa présence et les objets qu'elle transporte. [...]

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