Racine, "Phèdre", Acte I scène 3, Phèdre avoue son amour pour Hippolite : commentaire
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Racine s'inspire de la tragédie de Sénèque et de celle d'Euripide pour réécrire Phèdre. Cette tragédie s'inspire de la passion qui déchire Phèdre dite "la brillante", la princesse crétoise, petite fille d'Hélios et fille de Minos, le dieu des enfers. Sa famille a été maudite par Vénus car celle-ci avait une liaison avec Ares, et Hélios l'a vu car c'est le soleil, il l'a dévoilée, et pour se venger Vénus a maudit sa descendance. Phèdre tombe donc amoureuse de son fils adoptif, et l'extrait se situe lors de l'aveu que fait Phèdre à Oenone, sa confidente, sur cet amour impossible (...)
Sommaire
Introduction
I) Le retour aux sources
A. Le coup de foudre B. La lutte C. Le désir de mort
II) Une passion destructrice
A. La souffrance physique B. La souffrance morale C. La souffrance mortelle
III) La fatalité tragique
A. Phèdre victime de son hérédité B. Une femme aliénée C. L'ironie du sort D. La culpabilité
Conclusion
Le texte étudié
Mon mal vient de plus loin. A peine au fils d'Egée Sous les lois de l'hymen je m'étais engagée, Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ; Athènes me montra mon superbe ennemi : Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps et transir et brûler; Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables. Par des voeux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner ; De victimes moi-même à toute heure entourée, Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée : D'un incurable amour remèdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brûlait l'encens : Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J'adorais Hippolite ; et, le voyant sans cesse, Même aux pieds des autels que je faisais fumer, J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer. Je l'évitais partout. Ô comble de misère ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi-même enfin j'osais me révolter : J'excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre, J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre ; Je pressai son exil ; et mes cris éternels L'arrachèrent du sein et des bras paternels. Je respirais, Oenone ; et, depuis son absence, Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence ; Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines précautions ! Cruelle destinée ! Par mon époux lui-même à Trézène amenée, J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné : Ma blessure trop vive a aussitôt saignée. 305Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée : C'est Vénus tout entière à sa proie attachée. J'ai conçu pour mon crime une juste terreur : J'ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur ; Je voulais en mourrant prendre soin de ma gloire, 310 Et dérober au jour une flamme si noire : Je n'ai pu soutenir tes larmes, tes combats ; Je t'ai tout avoué ; je ne m'en repens pas, Pourvu que, de ma mort respectant les approches, Tu ne m'affliges plus par d'injustes reproches, 315 Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prêt à s'exhaler.
Introduction
I) Le retour aux sources
A. Le coup de foudre B. La lutte C. Le désir de mort
II) Une passion destructrice
A. La souffrance physique B. La souffrance morale C. La souffrance mortelle
III) La fatalité tragique
A. Phèdre victime de son hérédité B. Une femme aliénée C. L'ironie du sort D. La culpabilité
Conclusion
Le texte étudié
Mon mal vient de plus loin. A peine au fils d'Egée Sous les lois de l'hymen je m'étais engagée, Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ; Athènes me montra mon superbe ennemi : Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps et transir et brûler; Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables. Par des voeux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner ; De victimes moi-même à toute heure entourée, Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée : D'un incurable amour remèdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brûlait l'encens : Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J'adorais Hippolite ; et, le voyant sans cesse, Même aux pieds des autels que je faisais fumer, J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer. Je l'évitais partout. Ô comble de misère ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi-même enfin j'osais me révolter : J'excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre, J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre ; Je pressai son exil ; et mes cris éternels L'arrachèrent du sein et des bras paternels. Je respirais, Oenone ; et, depuis son absence, Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence ; Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines précautions ! Cruelle destinée ! Par mon époux lui-même à Trézène amenée, J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné : Ma blessure trop vive a aussitôt saignée. 305Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée : C'est Vénus tout entière à sa proie attachée. J'ai conçu pour mon crime une juste terreur : J'ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur ; Je voulais en mourrant prendre soin de ma gloire, 310 Et dérober au jour une flamme si noire : Je n'ai pu soutenir tes larmes, tes combats ; Je t'ai tout avoué ; je ne m'en repens pas, Pourvu que, de ma mort respectant les approches, Tu ne m'affliges plus par d'injustes reproches, 315 Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prêt à s'exhaler.
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Extraits
[...] En vain sur les autels ma main brûlait l'encens : 285 Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J'adorais Hippolite ; et, le voyant sans cesse, Même aux pieds des autels que je faisais fumer, J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer. Je l'évitais partout. Ô comble de misère ! 290 Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi-même enfin j'osais me révolter : J'excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre, J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre ; 295 Je pressai son exil ; et mes cris éternels L'arrachèrent du sein et des bras paternels. [...]
[...] Elle n'est donc pas lucide ce qui s'oppose à la signification même du nom de Phèdre qui signifie la brillante Pénultièmement, l'ironie du sort se met aussi à l'encontre du personnage. En effet, dès qu'elle se marie avec Thésée, Hippolite rentre dans son intimité. Phèdre se trouve aussi dans une situation bancale car elle est devant un dilemme entre passion et raison, de plus le fait que Thésée soit cru mort est un coup de théâtre pour elle car cela lui autorise son amour pour Hippolite. Enfin, elle poussée dans son amour et dans son aveu par Oenone. Enfin, tous les efforts qu'elle a fournis sont révélés au grand jour. [...]
[...] Pour contrer ce début d'inceste, Phèdre a tout tenté pour éviter le pire. Ainsi, elle retrace sa lutte : la première parade a été de construire un temple en l'honneur de Vénus, seulement, Quand bouche implorait le nom de la déesse, (elle) adorait Hippolite vv 285-286. La deuxième parade a été de le fuir mais elle le retrouvait dans les traits de son père v290. L'ultime parade, la plus difficile à accomplir peut-être a été de le haïr et de le bannir. [...]
[...] De plus, tout aveu révèle une faute, et après l'avoir avouée, elle s'est punie en prenant flamme en horreur v308. On remarque aussi le champ lexical de l'obscurité qui nous montre que tout au long de la tirade on va de plus en plus vers le noir de son cœur, de plus en plus dans le tragique : cachée v305, dérober v310, noire v310, s'exhaler v316 Phèdre est donc entraînée dans le cercle vicieux de sa passion inspirée par les dieux. [...]
[...] Phèdre tombe donc amoureuse de son fils adoptif, et l'extrait se situe lors de l'aveu que fait Phèdre à Oenone, sa confidente, sur cet amour impossible. Nous allons étudier comment la passion est dramatisée dans cette tirade, en observant tout d'abord le retour aux sources, la passion destructrice et enfin la fatalité tragique. Tout d'abord, à travers cette tirade, Phèdre relate le coup de foudre qu'elle a eu pour Hippolite. On observe le champ lexical de la passion amoureuse : incurable amour v283, je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue v273, trouble, âme éperdue v274, transir, brûler v276, tourments inévitables v278 etc. [...]