En faisant représenter Phèdre en 1677, Racine revient au récit mythologique qu'avaient déjà repris Euripide et Sénèque : l'épouse de Thésée, frappée par Vénus, se prend d'une passion aussi irrésistible que condamnable pour son beau-fils, Hippolyte. Chez Euripide, Hippolyte donnait son titre à la tragédie (Hippolyte porte-couronne), et Racine, dans un premier temps, intitula sa pièce Phèdre et Hippolyte ; mais c'est finalement Phèdre qu'il retiendra, et ce choix, entre autres adaptations de l'intrigue, révèle une importance plus grande accordée à la « Brillante ».
La scène 7 de l'acte V est la dernière de la pièce, et vient compléter le dénouement : maudite par Phèdre pour avoir calomnié Hippolyte auprès de Thésée, Oenone s'est suicidée, comme l'annonce Panope dans la scène 5 ; Théramène, lui, fait le récit de la mort horrible d'Hippolyte, qui est la conséquence de la malédiction envoyée par son père (scène 6). Dans la scène 7, Thésée est désespéré et en proie au doute quant à la culpabilité de son fils (...)
[...] - tant de sévérité peut susciter de la compassion pour cette héroïne atteinte à la justification morale du châtiment. - les passages où Phèdre atténue sa responsabilité devant Thésée peuvent avoir un effet sur le spectateur, et l'acuité des analyses dignes des grands moralistes du XVIIème siècle rend le personnage proche de chacun. beauté des six derniers vers de Phèdre - le rythme de la mort : trois distiques, un rythme de plus en plus alangui puis 6/6 puis 3/3/6 deux tétramètres. [...]
[...] Avec la scène 7 de l'acte V prend fin la tragédie dans un respect des règles et une singularité, propre au suicide de l'héroïne en scène, qui assurent la réussite de l'entreprise dramatique. Racine parvient à une synthèse équilibrée entre le but moral de la tragédie, où la criminelle doit être châtiée, et un défi esthétique, par lequel le personnage de Phèdre doit rester en mémoire comme ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente et c'est par le raffinement de sa poésie qu'il y parvient. [...]
[...] - Phèdre, un aveu sincère suivi par deux dénis (l'intervention du ciel puis celle d' Oenone + la distance entre la faute avouée et le châtiment (neuf vers où elle dit qu'elle n'est pas seule responsable) Thésée, le héros qui veut fuir, devient vraiment père et roi de tragédie - le désir de fuir et la remise en question de son identité : le héros légendaire ne peut pas affronter cette épreuve : impératif laissez-moi répétition de loin de (v.1605) - égocentrisme de la douleur : De l'univers entier (v.1608) et Thésée devient un pleureur (v.1613) - un héros prisonnier de son nom : allitération en nasales : embarrassé ; rejet des honneurs des dieux, avec deux oxymores pour dire la contradiction faveurs meurtrières / funeste bonté - la vérité révélée, la grandeur recouvrée : statut du père infortuné assumé, une fois éclairé par la vérité (v.1619 et1647) ; le verbe tragique expier (v.1650) Phèdre, la victime coupable rétablit sa grandeur par son suicide - une femme qui va à l'essentiel (pas seulement à cause de l'imminence de sa mort) : elle appelle Thésée par son nom ; son Non est très clair en tête de vers - une femme qui se punit elle-même, en choisissant la plus grande souffrance et en disant la vérité. acmé dans la progression des aveux de l'héroïne, sous la forme tendue d'une comparution pathétique, où tout doit se dénouer, la vérité n'étant pas encore révélée au début de la scène, et restant assez ambiguë pour Phèdre. Néanmoins la parole libérée et le suicide permettent de parler d'un dénouement de tragédie qui obéit parfaitement aux règles, et dont la tension culmine dans la mort en scène. [...]
[...] Exigence du classicisme, de s'en tenir à un ordre et un équilibre harmonieux. - Thésée a obéi à sa fureur (v.1650) et a maudit Hippolyte dans un emportement : c'est trop tard que la raison alerte le père (v.1596), qui pour sa faute va perdre son enfant et devoir Expier punir les coupables - les moindres fautes y sont sévèrement punies (Préface) : la belle- mère coupable meurt (en sachant qu'elle a causé la mort de celui qu'elle aimait : double punition) ; le père a tué son fils qui était innocent (double douleur) le châtiment est extrêmement sévère (cf. [...]
[...] prennent toute leur valeur de ce qu'ils rompent une symétrie (l'affrontement Phèdre-Thésée) - après les derniers vers de Phèdre, leur rythme et les exclamations les font ressortir - un passé assimilé : ce qui reste d'Hippolyte ; le passé composé a mérité(s) ; le vœu qu'(il) déteste la réhabilitation d'Hippolyte : - clore par le deuil, honorer la mémoire pour l'avenir : le verbe expier avec diérèse en tête de vers, verbe tragique par excellence ; l'impératif Rendons-lui les honneurs ; l'adverbe trop - l'affection du père tragique pour le fils : ce cher fils / ce qui reste possessif mon malheureux fils - par ses mânes irrités Hippolyte doit être révéré comme un héros l'adoption d'Aricie - la volonté marquée par le subjonctif Que /me tienne - la fille qui remplace le fils, dernier mot de la pièce, qui rétablit un enfant, donc un avenir - réconciliation : le malgré du vers 1653. [...]
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