Au cours des siècles, la conception de l'oeuvre romanesque s'est renouvelée au contact de nombreuses époques et courants littéraires. Cette évolution s'est accompagnée d'un remaniement de son personnage principal. Le héros romanesque a ainsi arboré de multiples aspects, pouvant se distinguer des autres par des qualités exceptionnelles ou au contraire ne présenter aucune particularité.
Nous pouvons donc nous demander si le personnage du roman doit être un être hors du commun -un héros- ou un être appartenant à l'humanité commune. Afin de répondre à cette question, nous verrons tout d'abord le héros admirable dans le roman, puis le personnage commun appartenant à la réalité, et enfin nous envisagerons que ces deux personnages puissent être complémentaires (...)
[...] III) Des personnages complémentaires Le personnage hors du commun et le personnage réaliste sont-ils pour autant inévitablement opposés ? Le héros idéal, modèle de perfection, peut parfois dévoiler les mêmes défauts que les êtres communs. En reprenant notre exemple de l'Iliade, nous pouvons nous apercevoir que la noblesse s'accompagne parfois d'orgueil et de barbarie, et que l'exaltation des aptitudes guerrières réduit l'aspect bienveillant des héros. Ainsi les Grecs et les Troyens se livrent un combat violent et tuent leurs adversaires de façon brutale et cruelle. [...]
[...] Chaque héros a donc sa part d'ombre et d'humanité qu'il ne peut contenir. Cet autre aspect de leur personnalité font d'eux des être individualistes ayant des sentiments et commettant des erreurs. De plus, la vertu sans faille d'un héros peut rendre le roman fade et lui ôter son caractère imprévu. Le personnage détestable sera lui un être complexe qui fascinera d'autant plus le lecteur. Le héros romantique est également un être instable et ambigu: brave, passionnée, poursuivant un idéal, il peut se montrer orgueilleux et immoral. [...]
[...] Le registre épique est très présent dans l'œuvre romanesque présentant un héros hors du commun. Le champ lexical héroïque et belliqueux souligne les vertus et les qualités de héros : courage, assurance, volonté . Il suscite l'admiration et le registre épique amplifie sa force dans sa description. D'un point de vue mythologique, le héros est un demi-Dieu, comme Héraklès, ou un homme divinisé. C'est un personnage légendaire qui accomplit des prouesses incroyables. Homère par exemple, cite dans l'épopée l'Iliade, rédigé au IXe siècle av JC, un grand nombre de Héros tel qu'Achille, un guerrier habile, ou Ulysse, loué pour sa ruse et son habileté. [...]
[...] Le personnage réel permet donc le reflet du monde commun et ancre le roman dans le monde vraisemblable. Le personnage banal n'a pas de destin exceptionnel préétabli et doit tenter de s'en créer un par lui-même, ou se contenter de mener une vie ordinaire. Ainsi dans le roman Jacques le fataliste de Diderot, publié en 1796, le héros du roman Jacques, un valet philosophe voyageant en compagnie de son maître, narre à celui-ci ses aventures amoureuses mais il n'y a ni actions ni prouesses extraordinaires. Il reste dans la conformité sans rechercher un idéal. [...]
[...] Ainsi l'antihéros est également utilisé par les auteurs pour critiquer des vices humains et explorer les méandres de la nature humaine jusqu'à ces aspects les plus sombres. Alors qu'un héros à l'allure parfaite peut apparaître naïf, l'antihéros est cynique et manipulateur et conçoit le mal. Il donne de la profondeur au personnage et améliore notre perception de la condition humaine, être imparfaits et limités. Ainsi les personnages réalistes ont plusieurs qualités qui les différencient des héros épiques traditionnels. Ils permettent d'ancrer le roman dans la réalité, une identification avec le lecteur, et ils critiquent les vices humains. [...]
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