Dissertation de Terminale Littéraire sur les Contes de Perrault et le merveilleux suscité. Peut-on établir des comparaisons entre les contes Peau d'Âne et Cendrillon ? En quoi ces contes-ci se ressemblent-ils pour mieux se distinguer ?
[...] Dissertation de Littérature Niveau Terminale Contes, Charles Perrault Corrélat : Psychanalyse des Contes de fées, Bruno Bettelheim Peut-on établir des comparaisons entre les contes de Peau d'Âne et Cendrillon ? Recueil paru complet sous le nom d'Histoires ou Contes du Temps passé avec des Moralités, les Contes de ma Mère l'Oye de Charles Perrault publiés en 1697 remplissent intelligemment leur fonction pédagogique et ludique auprès de leur première cible, les enfants, mais aussi leur fonction d'apologue auprès de ces futurs adultes, et parents. [...]
[...] De plus, la beauté dont elle dispose n'est rien sans appui : Cendrillon est donc une critique amusée et amusante de la Cour de Louis XIV, comme le démontrent les gravures de Gustave Doré (éditions Hetzel) où l'on voit toute l'apanage d'une cour baroque. C'est en cela que Peau d'Âne s'y ressemble mais avec un aspect beaucoup plus péjoratif : c'est cette même cour, cette même assemblée de courtisans, qui pousse le Roi à avoir des désirs incestueux pour sa fille. Puis, l'âne qui secrète de l'or est une caricature directe de la gente noble qui produit de l'argent en ne faisant rien. [...]
[...] En effet, cette nuance marque dès le départ le clivage entre les deux contes. Peau d'Âne doit affronter la mort de sa mère, puis les désirs coupables de son père. Par trois fois, avec l'aide de sa marraine, elle tentera de les déjouer avant de s rendre compte qu'elle doit fuir. A l'inverse, c'est l'oppression de la belle-mère et le silence et même l'absence de son père qui enclavent Cendrillon dans un comportement de soumission : alors qu'elle est privée de bal, elle accepte de coiffer ses sœurs malgré tout. [...]
[...] Enfin, la bague magique de Peau d'Âne et la pantoufle de verre de Cendrillon sont deux viatiques métonymiques, deux corrélats forts de sens : la noblesse cachée chez le premier, la pureté chez le second. Ces fétiches aident chaque intrigue à aboutir à sa fin : ce sont les éléments stabilisateurs et réconciliateurs de l'histoire. Mais la ressemblance entre ces deux contes dépasse l'aspect formel. La fin de ces deux contes est l'élément le plus homogène. Chaque héroïne, découverte par sa beauté et pureté grâce aux viatiques précisés ci- dessus, achève une moralité judéo-chrétienne ainsi qu'une pensée manichéenne, d'autant plus que chaque conte prône la valeur du pardon. [...]
[...] Alors que les deux héroïnes accomplissent un seul et même destin celui de devenir une princesse/reine, soit d'évoluer et de grandir cet unique dénouement permet de mettre en valeur les différences profondes des deux contes, et ainsi de multiplier les cibles et objectifs que nous aurions, nous lecteurs, à interpréter. L'homogénéité générale est nécessaire pour mettre en valeur les points de divergence. Le premier est bien sûr le parcours initiatique des héroïnes. Alors que Cendrillon aspire à une ascension sociale par le fait d'aller au bal, et donc d'être noble, Peau d'Âne quant à elle subit une régression sociale en devenant une simple paysanne en apparence repoussante. Peau d'Âne, prête à céder à l'inceste de son père, préfère néanmoins fuir la tentation et affronter des difficultés qu'elle a choisies. [...]
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