"Animé du Beau feu d'une bouillante audace / D'un pied libre je cours aux vallons du Parnasse/ Et la Muse en riant me conduit par la main / Où ne marcha jamais le Grec et le Romain." C'est ainsi que Perrault revendique déjà dans les premières lignes de ses Contes une écriture qui se sait contestataire (...)
[...] Cette espèce particulière de parodie se manifeste à plusieurs reprises dans les Contes de Perrault. Le terme d' Anticontes pourrait en effet évoquer cette volonté de ne pas correspondre aux attentes du lecteur en traitant de façon basse un sujet a priori noble. Les Contes en marge de l'Enéide (ou l' Enéide burlesque en est la première manifestation, clairement annoncée comme telle, suivie des Murs de Troie ou de l'Origine du burlesque. Comment être plus clair ? Les personnages qui sont issus de l'Antiquité ou la mythologie sont ravalés au rang d'artisans, de commerçants, et autres fabricants de chapeaux s'exprimant de façon triviale. [...]
[...] D'autres passages burlesques sont également présents dans les huit contes en prose par exemple, mais davantage par endroits que de façon omniprésente comme dans les exemples que l'on vient de citer. Il semble évident que cette présence du burlesque est le signe d'une volonté affichée de Perrault de se jouer des Anciens. Il s'agit donc bien de la revendication d'une esthétique résolument Moderne. Le burlesque laisse en effet une place plus importante à l'énonciateur que dans les écrits neutres, si bien que c'est dans ce genre précis que Perrault s'affirme. [...]
[...] Perrault se pose donc du côté des Modernes dans la Querelle des Anciens et des Modernes dont il est contemporain, en affirmant qu'à chaque siècle correspond une écriture, et en soutenant le mépris et les critiques des Anciens contre ses écrits de style bas. Le burlesque est donc le genre de prédilection de Perrault, au sens où il lui permet d'illustrer l'idée d'une modernité dans l'écriture. Le style burlesque symbolise déjà en lui-même l'engagement de Perrault. Sa légèreté de ton vaut mieux qu'un engagement théorique lourd propre aux Anciens par exemple. [...]
[...] Il accepte de n'être qu'une réécriture car il se sait réécriture meilleure. La Critique de l'Opéra adressée à Charpentier contre les critiques de Racine à l'Alceste d'Euripide réécrit par Quinault nous fait découvrir les deux textes, entourés de force détails, d'arguments multiples, qui se soldent finalement par l'affirmation du rejet d'une écriture classique. Ainsi, même si la lecture de cette Critique est plus âpre que celle des écrits burlesques, elle nous révèle la volonté de Perrault de faire triompher les Modernes des écrits anciens. [...]
[...] Le burlesque dans les Contes de Charles Perrault Animé du Beau feu d'une bouillante audace / D'un pied libre je cours aux vallons du Parnasse/ Et la Muse en riant me conduit par la main/ Où ne marcha jamais le Grec et le Romain. C'est ainsi que Perrault revendique déjà dans les premières lignes de ses Contes une écriture qui se sait contestataire. Pourtant, Les Amours de la Règle et du Compas n'est pas à proprement parler nouveau dans l'écriture encore poétique en alexandrins. [...]
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