De prime abord, l'oeuvre Un homme qui dort semble dénuée de toute structure narrative. Elle apparaît comme la lente description d'une sorte de renoncement au monde. Le narrateur, s'adressant à lui-même ou au lecteur par le biais de la deuxième personne du singulier, narre ce qui semble s'apparenter à un récit de dépression. Dès lors, si le texte est composé de courts paragraphes qui mettent en place une narration que l'on peut tour à tour qualifier de stagnante ou progressive, il est avant tout régi par une sorte d'état mélancolique pathologique (...)
[...] En conclusion, on peut dire qu'Un homme qui dort est un texte quasi programmatique de l'œuvre de Perec. Troisième oeuvre publiée par ce dernier, on y trouve déjà le goût de la référence (les textes de Perec sont souvent truffés d'autoréférences et d'allusions), mais aussi la pratique d'une description très mathématique, géométrique, ainsi que le listage d'objets, qui ne sont pas sans rappeler les écrits de l'OULIPO. Un homme qui dort est donc une œuvre singulière, un récit qui n'hésite pas à montrer sa propre difficulté à être récit tant sa structure et sa progression sont mises à mal par la thématique mélancolique. [...]
[...] Résumé analytique : De prime abord, l'œuvre Un homme qui dort semble dénuée de toute structure narrative. Elle apparaît comme la lente description d'une sorte de renoncement au monde. Le narrateur, s'adressant à lui-même ou au lecteur par le biais de la deuxième personne du singulier, narre ce qui semble s'apparenter à un récit de dépression. Dès lors, si le texte est composé de courts paragraphes qui mettent en place une narration que l'on peut tour à tour qualifier de stagnante ou progressive, il est avant tout régi par une sorte d'état mélancolique pathologique. [...]
[...] Mais les rats ne cherchent pas le sommeil pendant des heures. Mais les rats ne se réveillent pas en sursaut, pris de panique, trempés de sueur. Mais les rats ne rêvent pas et que peux-tu faire contre tes rêves ? Seul le sommeil semble inhérent à sa condition d'homme vivant C'est la douleur de son corps sur la banquette de sa chambre, les mouvements que provoque sa respiration lorsqu'il s'endort ou les bruits dans la chambre voisine qui le réveillent qui lui prouvent qu'il est toujours en vie. [...]
[...] Dès lors, il n'y a plus rien qu'il puisse aimer, tout comme il n'y a plus rien qu'il puisse détester. Tout devient mécanique : les sorties la nuit dans les ruelles sombres, les salles de cinéma, la lecture du journal Le Monde, le même argent dépensé chaque jour. Le personnage devient ainsi, comme l'écrit Pascal Tremblay dans une critique, un homme d'habitude Il semble alors se métamorphoser et entrer dans une phase de marginalisation : Bannis, parias, exclus, porteurs d'invisibles étoiles. [...]
[...] Difficile alors de dresser un schéma narratif strict du livre Un homme qui dort. Le personnage lui-même n'a pas su tirer de conclusion des faits qui se sont enchaînés. De fait, si cette tristesse semblait le démarquer, lui donner une certaine grandeur car elle le plaçait en marge des autres, elle n'est en fait que misérabilisme. Et c'est en ces termes que se clôt cette illusion du malheur : Tu n'as rien appris, sinon que la solitude n'apprend rien, que l'indifférence n'apprend rien : c'était un leurre, une illusion fascinante et piégée ; qu'entre le monde et toi les ponts soient à jamais coupés. [...]
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