Rompant avec la tradition rousseauiste, puis romantique, de la belle et bonne nature, Baudelaire affirme et décrit au contraire la nature comme espace de corruption et de dégénérescence. Nature et nature humaine rivalisent dans le recueil poétique
[...] La femme devient donc une charogne mais est sauvée par l'oeuvre d'art. Généralisation à toute l'humanité : amours au pluriel, s'il est masculin, renvoie à la personne aimée, s'il est féminin, à la relation amoureuse. Ici il renvoie vraisemblablement aux femmes aimées. Mais le vous vaut aussi pour tout lecteur. L'art est donc présenté comme ce qui sauve l'humanité de la mort, ce qui lui confère une part d'éternité. Lyrisme final (ponctuations exclamatives, enjambement des derniers vers et effet de cadence majeur) qui exprime l'enthousiasme qui accompagne un tel constat : la beauté permet de dépasser le tragique de l'existence. [...]
[...] Ce récit est lui-même enchâssé dans un discours du poète adressé à la femme en question. Cf. le je et les marques de la première personne, les apostrophes de la femme aimée et l'impératif initial : Rappelez-vous Le poète invite la femme aimée à se souvenir d'une rencontre faite 4 ensemble. Le poème part donc d'un fait du passé et en tire une leçon générale Alors . et universelle (il évoque à la fin ses différents amours un peu à la manière d'un fabuliste. [...]
[...] ÉLÉMENTS POUR L'INTRODUCTION : Rompant avec la tradition rousseauiste, puis romantique, de la belle et bonne nature, Baudelaire affirme et décrit au contraire la nature comme espace de corruption et de dégénérescence. Nature et nature humaine rivalisent dans le recueil poétique Les Fleurs du Mal de spectacles répugnants, morbides et macabres : vieillards rabougris, terres enlaidies, cités sales et blafardes, etc. ; partout c'est le même encrassement d'un noir tableau, que rencontre le regard à la fois horrifié et fasciné du poète. [...]
[...] o La musicalité du poème tient enfin à l'abondance des allitérations (en aux v.13-14, en fricatives aux v.23-24, ) et des assonances (en nasales dans les strophes 2 et La plupart des ces procédés ont ici pour fonction d'accroître la musicalité du texte : le poème rend ainsi lui-même l'étrange musique (v.25) que le poète prête à la charogne. Là encore, la beauté que le poète trouve dans cet objet est exprimée par celle que le poème confère à son texte. Transition : cet éloge paradoxal d'une charogne n'est pas fait pour choquer le lecteur, il ne s'agit pas de se complaire dans l'évocation de la mort, mais de dévoiler une conception de l'art et de la mettre en pratique. La charogne est ainsi le symbole de tout objet que l'artiste transfigure dans l'oeuvre d'art. [...]
[...] Cette association de la charogne et de la femme dans la dernière strophe est préparée par la représentation féminine de la charogne : la charogne est ainsi personnifiée (elle a des jambes v.5, un ventre v et v.17), elle est couchée sur un lit (v.4) dans une posture érotique les jambes en l'air, comme une femme lubrique v.5). Les strophes 5 et 6 évoquent même une sorte de monstrueux accouchement : sur ce ventre putride, / D'où sortaient de noirs bataillons (v.17-18), eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, / Vivait en se multipliant (v.23-24). La femme est donc doublement mise en rapport avec la mort. [...]
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