A sa mort en 1662, Blaise Pascal laisse derrière lui une oeuvre considérable mais non-achevée qui allait prendre la forme d'une apologie de la religion chrétienne et qui a été publiée en 1670 sous le titre de Pensées de Monsieur Pascal sur la religion. En effet, aux côtés des jansénistes, Pascal a consacré sa vie à Dieu. Bien qu'il ait fréquenté des milieux mondains et des libertins, Pascal n'a jamais douté de l'existence de Dieu et a toujours maintenu que la religion était l'unique valeur à laquelle l'homme devait s'attacher. Certes Pascal est un grand moraliste et un grand philosophe, mais il est aussi connu pour ses travaux scientifiques. Dans toutes ses entreprises, qu'elles soient scientifiques ou littéraires, Pascal a toujours fait preuve d'un esprit méthodique. Dans les Pensées, il montre sa maîtrise d'une l'argumentation logique et rigoureuse, presque mathématique ainsi que d'une panoplie de procédés qui rendent son discours particulièrement persuasif. Nous verrons donc comment Pascal manie l'art de convaincre et de persuader tout en divertissant son lecteur pour le pousser à la conversion (...)
[...] De même, dans la liasse Misère, Pascal démontre que la justice est dissociable des lois étant donné que ces dernières varient selon les pays. L'ironie apparaît également à travers de nombreux adjectifs comme cette belle raison (fragment un si bel ordre (fragment 97) ou encore à travers des paradoxes comme celui du fragment 56 : vérité au- deçà des Pyrénées, erreur au-delà qui relève de l'absurde. Pascal offre presque une vision presque cynique du monde tellement l'ironie est omniprésente. Conclusion partielle A l'aide de différents registres et en jouant avec les émotions du lecteur, Pascal espère donc rendre son argumentation plus persuasive. III. [...]
[...] Mais Pascal est aussi un anthropologue qui manie l'art de persuader, parfois plus subtile. II. L'art de persuader Même si Pascal est connu pour être un mathématicien d'une rigueur implacable, il use parfois de méthodes moins logiques ou rationnelles en jouant sur les émotions ou en utilisant différents procédés qui rendent également son discours persuasif Les émotions du lecteur Le premier but de Pascal en écrivant cette apologie était d'ouvrir les yeux de son lecteur en lui montrant sa misère et la vanité du monde dans lequel il vit. [...]
[...] Le registre le plus utilisé semble être le registre polémique. On le retrouve notamment dans le fragment 41 lorsque Pascal attaque littéralement la puissance trompeuse qu'est l'imagination. Il se sert de tout un vocabulaire péjoratif pour rabaisser cette partie dominante dans l'homme en la qualifiant de puissance ennemie de maîtresse d'erreur et de fausseté etc . Ensuite, afin de faire prendre conscience de la situation dramatique de l'homme, Pascal fait appel au registre tragique. Tout au long de son œuvre, Pascal insiste sur l'idée de mort et de fatalité qu'évoquent beaucoup de fragments ils aiment mieux la mort que la paix . [...]
[...] Dans le fragment 56 de la liasse Misère, Pascal prétend que la raison a corrompu les lois naturelles. Il appuie ensuite sa réflexion avec des citations de Cicéron, de Sénèque et de Tacite Nihil amplius [ ] legibus laboramus De même, dans les Pensées, Pascal fait régulièrement allusion à Montaigne en lui empruntant certaines anecdotes et partageant ainsi un savoir indiscutable. Dans le fragment 93 de la liasse Raison Des Effets, Pascal illustre son argument d'un exemple figurant dans les Essais de Montaigne : celui de l'étonnement des cannibales à la vue du Roi de France qui n'était alors qu'un enfant. [...]
[...] Même s'il semble souvent autoritaire, Pascal n'est pas un être insensible. Fragment après fragment, son inquiétude face à la condition humaine se fait ressentir et il finit par la partager avec le lecteur. Cette inquiétude se traduit par des exclamations : combien de royaumes nous ignorent ! au fragment 39 ou encore que l'homme est creux et plein d'ordures au fragment 129 (liasse Divertissement). On retrouve également un sentiment de regret par rapport à la fuite du temps qui prouve que Pascal, comme tout homme, est mortel et se demande pourquoi nous échappons sans réflexion le seul qui subsiste [le temps] dans le fragment L'ironie pascalienne Pour finir, l'arme la plus persuasive de Pascal est sans doute l'ironie. [...]
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