Lettres philosophiques est une oeuvre de Voltaire qui comporte vingt-cinq lettres abordant des sujets variés comme la religion, les sciences, les arts, la philosophie et notamment Pascal. Dans son ouvrage, Voltaire affirme que l'auteur des Pensées "dit éloquemment des injures au genre humain". Mais pourrions-nous vraiment penser que Pascal insulte l'homme à travers ses textes ?
Il est vrai que les propos du philosophe ne jouent pas en faveur de la bonne image de l'homme, ils sont en majorité péjoratifs mais pas en totalité. (...)
[...] Néanmoins, il avoue aussi la grande complexité de l'homme : Il est un «paradoxe à soi-même (fr122) car il est à la fois misérable et grand. L'homme est un montre incompréhensible selon Pascal. Malgré sa misère, l'auteur lui reconnaît une réelle supériorité sur l'animal et la matière, le rendant ainsi possesseur d'une véritable grandeur. L'homme est grand car il a conscience de sa misère, même si cette conscience n'est permise qu'aux habiles qui comprennent leur faiblesse. La grandeur va toujours avec la misère : mesure que les hommes ont de lumière, ils trouvent et grandeur et misère en l'homme (fr113). [...]
[...] Pascal peut insulter le genre humain dans la mesure où il constate de façon blessante que la vie de l'homme est misérable. L'homme n'est rien, l'homme n'est que néant. Sa vie pitoyable se résume en un court fragment de l'homme/Inconstance, ennui, inquiétude Il est un être soumis, il subit l'ordre de Dieu et «ses propres folies». Puni par Dieu, l'homme n'est rien, et se voit forcer d'admettre la puissance des mouches (fr20). En plus de subir l'ordre divin, il subit l'ordre du temps. [...]
[...] Pascal qui est pourtant effrayant génie affirme la priorité de la charité sur le savoir. SI l'homme est grand c'est avant tout parce qu'il est humain. Doté de raison, susceptible d'ouvrir son cœur, il est capable de s'ouvrir à Dieu. Nous avons la faculté de penser : Pascal [peut] concevoir l'homme sans pensée (fr102) Par cette faculté l'homme a le pouvoir de dépasser sa misère et de trouver la vérité. L'homme est faible selon Pascal car il doit subir une vie pitoyable, mais reconnaît tout de même une certaine grandeur. [...]
[...] Pour avoir conscience de sa misère, il faut se reposer uniquement sur la raison et s'efforcer de penser juste en faisant confiance à son propre jugement. Pourtant la raison est autant source d'erreur que l'imagination lorsqu'on ne s'en tient qu'à elle. La raison n'est pas raisonnable (fr56). Elle est aussi source d'illusion et peut, par exemple, faire prendre les sciences pour la vérité. Le cœur lui est un ordre bien différent qui complète la raison. Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur (fr101). C'est avec le cœur que nous pouvons connaître Dieu. [...]
[...] Outre son existence misérable, l'homme est caractérisé par ses défauts affligeants. Il est orgueilleux : si nous voulons apprendre, connaître, ce n'est que pour avoir à en parler ( fr72) ; mais aussi jaloux : l'inventeur devrait taire son génie pour éviter les moqueries et les noms ridicules. L'homme met en place des principes pour éviter cette condition misérable comme l'imagination. Elle est une ennemie qui joue de son emprise sur l'homme, l'éloignant de la raison et l'enfermant peu à peu dans un monde d'illusion. [...]
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